Je suis debout sur l’autel du temple Aberdeen
En ce jour de hangover national En plein milieu des rites annuels d’Acadie Rock C’est à mon tour de faire des invocations Et d’être prêtresse pour le peuple J’voulais vous écrire un poème Avec des incantations magiques Et des métaphores mystiques J’voulais vous ensorceler avec un charme Qui vous mettrait sous le mien J’voulais vous manipuler avec mes mots Vous hypnotiser avec mon humour Je voulais me mériter une initiation À l’ordre des poètes du patrimoine Mais Ce soir, j’ai une promesse à préserver Des obligations à obéir J’ai fait mon serment d’allégeance À la diaspora Acadienne elle-même Alors, au nom des Badlands et du peuple perdu J’ai le devoir solennel De vous livrer le message suivant: Chers membres du public: vous êtes un paquet de privilégiés On m’a dit que je ne devrais pas vous accuser Que jamais vous ne me pardonnerez Que dans un petit milieu faut pas être trop dangereuse Que faut pas tuer sa carrière à coup de mitrailleuse Mais Fuck it La vérité c’est un processus violent Et j’me kamikazerai pour la cause n’importe quand Sous nos pieds Dorment des maisons d’éditions Des compagnies de productions Des galeries d’art, des écoles de danse Où ce festival-même se manigance Il y a plus de choses prises pour acquis En ce moment sous ce plancher Que j’ai vu dans toute ma vie dans l’Acadie des oubliés Vous entendez ce soir sept poètes Well, 6 poètes Et une créatrice de chaos Qui créent dans votre langue Celle dans laquelle vous vivez Sans trop y penser Tous les moments importants d’une vie: Boire, rire, pleurer. Danser, débattre, hurler Aimer, haïr, fourrer Sans en avoir honte Sans même vous en rendre compte Elsewhere, at the exact same time Les Badlands sont toujours en crise Pris en état de banqueroute culturelle La dette linguistique nationale augmente La sécheresse perdure Nos idées ne poussent pas On souffre de malnutrition identitaire Dans le royaume des affamés On n’arrive pas à récolter nos communautés Ici, c’est l’obésité omniprésente On se plaint, le ventre gonflé D’avoir encore trop consommé de culture On se gave jusqu’à l’écoeurantite L’embarras du choix est une vraie épidémie Le diagnostic des gâtés pourris C’est du “j’les ai dejà vus y’a pas longtemps” et du “c’était meilleur dans notre temps” C’est dire avec sincérité la devise des privilégiés: “y’a trop de choses ce soir, j’peux pas me décider” C’est la discordance de la boulimie blasée À côté de la famine flagrante Les miettes qui tombent de votre buffet Nous nourriraient pendant longtemps Si on va continuer à s’imaginer Tous assis autour de la même table Il va falloir un jour adresser Les déséquilibres indéniables Il y a un tier-monde Acadien Ce qu’on nomme naïvement “La patrie en voie de développement” Appelez-ça comme vous voulez Mais ayez au moins la sensibilité d’y penser Si j’ai le ton un peu sec Les idées en papier sablé C’est parce que je viens de survivre trois décennies dans le désert des Badlands Où les oeuvres de notre littérature Sont de mystérieuses légendes Celles qui sont exposées sur nos étagères Sont des artefacts précieux Des reliques rapportées dans nos bagages Souvenir de longs pèlerinages Let’s get real for a minute Vos écrits n’existent pas chez nous Les Acadiens des Badlands N’ont pas lu vos oeuvres Même moi, l’auto-proclamée Forte-parole et poster-exiled Du peuple qui peine à survivre Je n’ai pas vraiment lu vos livres Might as well admettre ici et maintenant, Que je suis la poète la plus inculte Que vous entendrez ce soir Que j’ai lu Georgette mais pas Raymond-Guy Que j’ai lu Pélagie mais pas le reste Que ça fait juste un an que j’ai connu Gérald Dans la reading room à Marc Chamberlain Que je n’ai jamais tenu une copie d’Acadie Rock dans mes mains J’mens sors mieux que la moyenne… D'analphabétisation à 66% Mais c’est dû en grande partie À la générosité de ce poète barbu Qui me laisse boire de son oasis Après que son vin le couche J’me self-medicate avec sa bibliothèque Je comble mes lacunes avant qu’on les pointe du doigt Je guéris mon ignorance une page à la fois Et si nos étagères nues sont tristes La vraie tragédie c’est les rayons vides De notre imaginaire Tu peux pas te chercher dans une culture Sans y être initié Tu peux pas détruire l’establishment Sans savoir où viser On aime gonfler nos poitrines En disant que notre pays est intérieur Et a pour limites territoriales Les parois de nos coeurs Mais les frontières relèvent du réel Même dans notre pays imaginaire C’est de leur faute que même ici avec vous J’ai toujours un statut de minoritaire Notre peuple est encore à la dérive Le temps fait croître la distance entre nous Comme l’expansion de l’univers Qui nourrit le vide entre les astres Des années-lumière nous séparent maintenant Et vous projetez votre mythologie Sur nos lueurs dans votre ciel Pour faire des constellations auto-référentielles Mais c’est juste sur votre planète Qu’il y a eu une Renaissance Acadienne Qu’il y a eu un 68 Qu’il y a eu un Kacho Que le chiac a été poétisé Que l’Acadie a été ré-inventée Si le temps est mesuré à partir de révolutions, Faut pas s’étonner qu’on a du mal à se synchroniser Alors que le cosmos entier est le canvas de vos créations Nous on reste figés dans une autre dimension J’ai une bonne nouvelle pour vous Ce poème accusatoire a bel et bien une fin Le rituel de la réprimande sera complet Et vous pourrez vous recacher Dans le confort de vos nombrils Mais cette libération est conditionnelle Quand j’aurai fini de jouer à la poète dissidente Interdiction formelle de me dire les choses suivantes: UN Ne me dites pas que Moncton est actually pas mal anglais Que ça s’assimile ici aussi Que votre bilinguisme est difficile Pour une une fois dans vos vies Ayez la compassion de vous taire Ne vous mettez pas encore une fois Au centre de l’univers DEUX Ne venez pas me faire la leçon Et me dire que cette opulence est le fruit de longs labeurs Je n’en ai jamais dit le contraire Et c’est pas parce qu’il y a des riches qui ont beaucoup travaillé Qu’on ne devrait pas parler de pauvreté TROIS Ne venez pas me dire que la Nouvelle-Écosse Est présentement très en vogue Si je suis fière de notre Baie Sainte-Marie Elle est loin de représenter mon vécu Pendant que vous êtes émerveillés par son phare Les Badlands restent toujours dans le noir Revenez me voir quand vous avez fait le constat De Pubnico, Pomquet et Petit-de-Grat QUATRE N’allez pas dire dans mon dos Que j’exagère et que je dramatise Si vous voulez me neutraliser En m’accusant d’hystérie Ceci est votre invitation faussement polie De retourner dans votre own millénaire Anyways j’me suis déclarée l’émissaire des enragés Et je refuse de descendre du haut de mes frustrations Je vois plus clair à partir d’ici Et la colère est l’encre avec laquelle j’écris FINALEMENT N’ayez pas la prétention de croire Que vous pouvez me battre à mon propre jeu N’essayez pas d’avoir le mot final En venant me dire, sûrs de vous (Sarcasm face) Que j’ai quand même fait le choix indépendant D’être dans l’endroit que je critique incessamment Parce que oui, j’ai opté pour l’exile Mais mettons quelque chose au clair: Chuis ici en tant que réfugiée linguistique Et je souffre de post-traumatisme culturel Je fais encore des cauchemars Où je revois ma Génocideville adorée Le désert des Badlands est en flammes L’assimilation égorge des familles entières Des cris silencieux me hantent Mes plaies sont encore saignantes So oui, j’ai crissé mon camp en claquant la porte Mais j’ai quand même le coeur cassé Conséquence de mon incapacité de construire une communauté Où je suis capable de communier et de créer Pour une fois dans ma vie j’ai voulu être une privilégiée Goûter à toutes les richesses que je vous ai enviées J’ai payé à plein prix mon exile En échange du rêve d’une Acadie plus facile L’Acadie où la patrie se vit sur les trottoirs Où un bataillon de poètes fait la patrouille de nuit Où tous les backyards sont des centres communautaires Où les agents de la contre-culture sont mes mentors Où les penseurs et les artistes s'entassent sur la même terrace Où on conspire toujours une révolution après quelques verres Où on menace constamment de tout recommencer à zéro Où tout n’est pas tâché de honte et de tristesse Où parler français n’est pas un acte révolutionnaire Où il y a la reading room à Marc Où on inaugure au lieu de commémorer Où la déportation est finie Où on tombe en amour en français Où on peut se saturer de culture Où on peut toucher au sacré dans le Temple Aberdeen Où je ne suis jamais la seule Acadienne Où j’peux vivre toutes mes émotions dans ma own langue Où je peux lire mes poèmes à haute voix Où mes mots sortent de leur coma Où j’peux appartenir à quelque chose qui me ressemble Où ça se passe tout autour de moi Où ça me rentre dans l’âme Où je suis venue me perdre Où j’essaye encore de me retrouver Well, C’t’affaire-citte peux clairement pas finir de même So j’vous propose un toast On lève nos verres à tous ceux qui ne sont pas ici avec nous À ceux qui ont raison d’être jaloux À ceux qui n’entendent jamais des poètes À ceux qui ont le 15 août comme seule fête À ceux qui ont mal à leur Acadie À ceux qui rêvent de vraiment vivre leur patrie À ceux qui ont trop honte pour parler À ceux qui ne savent même pas ce qu’ils sont en train de manquer À ceux qui n’ont jamais aimé en français À ceux qui se trouvent juste drôles en anglais À ceux qu’on oublie toujours À ceux qu’on ne mentionne jamais dans nos discours À ceux qu’on a un peu abandonné À ceux qui se sentent seuls et isolés À tous ceux qui ne sont pas des privilégiés comme nous
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So tu sais quand tu es en train de revenir sur terre après une semaine incroyable, pis tu recommences à reprendre toutes les habitudes d'une vie normale? Dans mon processus de survivre à Acadie Rock, je me suis rappelée que j'avais une boite à lettres, et j'ai trouvé à l'intérieur une lettre m'étant adressée en provenance du bureau du Premier Ministre du Nouveau-Brunswick, Le Très Honorable Brian Gallant. C'était l'exemple parfait du hashtag qui décrit ma vie souvent ridicule, #mavieabsurde. Avant de vous présenter cette correspondance ainsi que la réponse que j'ai adressée au Premier Ministre Gallant, un petit recap s'impose. À la cérémonie d'ouverture de la 37ième édition de la grande finale des Jeux de l'Acadie, à Caraquet au mois de juin, Brian Gallant a accueilli les jeunes participants et a allumé la flamme des jeux. Il a également fait un discours pour leur parler de l'importance des Jeux et a souhaité aux participants provenant des quatre provinces Atlantiques la bienvenue...en Acadie. #ouf Quelques jours plus tard, je passe en entrevue le premier matin suivant mon déménagement au Nouveau-Brunswick et je mentionne entre autres cette gaffe comme un exemple des problèmes avec certaines dynamiques entre les régions de l'Acadie. S'en suit une chronique écrite pour l'occasion du 15 août sur l'État de la nation acadienne, une série d'articles dans l'Acadie Nouvelle sur l'Acadie hors-Nouveau-Brunswick pour laquelle j'ai été interviewée avant de partir et dans un desquels je dis que le NB est est Québec de l'Acadie, et une prestation à la soirée poésie Gérald Leblanc dans le cadre d'Acadie Rock durant laquelle j'ai directement accusé le public d'être des gâtés culturels un peu ingrats (la vidéo s'en vient, je viens juste de retrouver ma boite à lettres, donnez moi le temps d'être à la hauteur d'un logiciel de montage). J'ai toujours été une chialeuse sur cet enjeu, mais c'est évident que je suis en ce moment la poster-chialeuse de la cause. J'avais dit dans mon texte sur mon exile vers le Nouveau-Brunswick que "peut-être que c’est à partir de la capitale contre-culturelle que je peux faire le plus de changement pour la patrie", et il semble que j'avais peut-être raison. Ça fait 7 semaines que je suis là et je reçois déjà des lettres du Premier Ministre. #mavieabsurde Bon, les lettres: Le 15 août 2016
Mme Godin, L'Acadie est plus vivante que jamais et chaque 15 août le démontre un peu plus alors que les Acadiennes et les Acadiens de partout célèbrent la force de cette culture distincte et la détermination de tout un peuple. Cette lettre fait suite à vos commentaires dans l'Article de l'Acadie Nouvelle du 15 août à propos des relations entre le Nouveau-Brunswick et les autres communautés acadiennes de la région de l'Atlantique. Vous soulevez de bons points. L'Acadie du Nouveau-Brunswick se doit d'avoir une relation saine avec les communautés acadiennes voisines. Vous faites bien de nous le rappeler. Quant aux propos tenus lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de l'Acadie, en juin dernier à Caraquet, il n'était aucunement mon intention d'affirmer que l'Acadie se limite au Nouveau-Brunswick. C'était une phrase malencontreuse qui n'aurait pas du être dite de cette manière. Elle ne reflète aucunement ma pensée à ce sujet. Je suis désolée si cela a pu vous offenser ou offenser d'autres membres de la communauté acadienne. Nous réalisons et apprécions pleinement la vitalité et le dynamisme des régions acadiennes à l'extérieur du Nouveau-Brunswick et encourageons les échanges et la collaboration entre toutes les communautés acadiennes. Je vous remercie d'avoir porté le tout à mon attention et je vous remercie de votre contribution à l'essor et à l'épanouissement de l'Acadie. Comme le dit bien la devise de la Société nationale de l'Acadie: L'union fait la force. Sincèrement, Brian Gallant Pas pire, right? J'ai tout de suite commencé à écrire ma réponse, parce que, well, je suis moi, et parce que c'est pas mal classy et rare pour un politicien d'admettre qu'il a fait une erreur, faut prendre le temps de les féliciter quand ça leur arrive. Ma réponse au Premier Ministre Gallant: Le 22 août 2016 Premier Ministre Gallant, Merci de votre lettre datée du 15 août 2016. J’apprécie le fait que lors d’une journée de célébration nationale, vous avez pris un moment pour réfléchir à une des problématiques importantes de notre vécu actuel comme peuple. À mon avis, afin de réellement célébrer notre Acadie, nous devons également consacrer du temps aux défis auxquels fait face notre diaspora. J’espère que vous avez aussi eu l’occasion de bien fêter. Est-ce bien vous que j’ai vu en train de rocker out lors de la prestation électrifiante des Hôtesses d’Hilaire à Acadie Rock? Si oui, je suis désolée de ne pas avoir saisi l’occasion de vous inviter au after-party, vous avez manqué toute une soirée… Pour ce qui est du contenu de votre message, laissez-moi d’abord vous dire que je ne vous ai pas prêté de mauvaises intentions. Un commentaire tel que celui dont il est question à la grande finale des Jeux de l’Acadie à Caraquet ne peut être fait que par erreur, et je vous félicite d’avoir assumé la responsabilité pour ces mots bien intentionnés mais mal choisis. C’est une qualité rare et admirable d’oser admettre ses maladresses dans le domaine de la politique publique et je vous admire sincèrement d'avoir eu l'audace de faire justement ça dans votre lettre. Ce qui crée le point de tension autour de cette intervention, c’est que les Acadiens vivant à l’extérieur de votre province sont déjà régulièrement récipiendaires de commentaires qui errent dans ce même sens. Nous sommes depuis longtemps sensibles envers ce que nous percevons comme une dominance néo-brunswickoise de l’Acadie, que ce soit dans les médias, dans le domaine culturel, ou simplement dans la conscience collective des Acadiens et de ceux qui nous racontent. Nous sommes donc susceptibles de nous sentir exclus au sein de notre propre peuple lorsqu’il est présenté comme étant principalement ou exclusivement au Nouveau-Brunswick. Pour plusieurs des jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador, de l'Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse qui se sont rendus à Caraquet, cet événement aura été leur premier contact concret avec l’Acadie du Nouveau-Brunswick. Ils arrivent déjà face au fait que leurs délégations provinciales sont entourées par un plus grand nombre de délégations régionales provenant du Nouveau-Brunswick, et peuvent s’en sentir intimidés. Certains y vivent une fin de semaine en français pour la première fois et peuvent être dans des états vulnérables au niveau de leurs identités culturelles et linguistiques. Beaucoup d’entre eux y prennent leur première prise de conscience de la vasteté de la diaspora acadienne et de ses expériences. Ces grands moments vécus par les participants aux Jeux de l’Acadie peuvent être le début d’une appartenance et d’un engagement à vie envers l’Acadie, et c’est pourquoi il est important d’être particulièrement rigoureux et vigilants lorsque nous leur véhiculons des messages liés à leurs identités. Se sentir exclu à cet âge, peu importe le contexte, peut créer une distanciation irréparable entre un jeune et son acadienneté. Pour ce qui est des relations entre les espaces acadiens, vous avez raison de dire que nous devons les entretenir sainement. Le rôle de votre province est particulièrement important dans cet exercice d’unification du peuple, parce que vous avez la grande majorité du poids démographique acadien en Atlantique, et parce que votre statut unique de province bilingue engage concrètement votre gouvernement à développer vos communautés acadiennes et francophones. Je disais récemment dans une chronique que se tenir côte à côte sous un même drapeau ne suffit pas, et qu’il faudrait plutôt se prendre les uns les autres par la main pour se tirer vers le haut. Si personne ne souhaite voir le Nouveau-Brunswick s’imposer sur les autres Acadiens, il est clair que c’est vous qui avez les outils pour tendre la main vers les Acadiens qui ne bénéficient pas de la même situation linguistique ni politique que vous. Je prends donc cette occasion pour vous lancer quelques suggestions sur des moyens par lesquels vous et votre gouvernement pourriez contribuer davantage au développement du peuple acadien, qui, comme vous le savez bien, dépasse largement nos frontières provinciales et nationales. Votre province fait un travail remarquable de développement culturel envers les Acadiens/francophones, du en partie à votre excellente Stratégie globale pour l’intégration des arts et de la culture dans la société acadienne au Nouveau-Brunswick. Ce travail porte fruit et permet à beaucoup d’artistes de rayonner, ce qui a un impact positif sur l’Acadie au complet. Il est beaucoup plus difficile d’obtenir ce genre d’appui provincial ailleurs en Atlantique, où les francophones sont souvent perçus comme étant une minorité parmi d’autres, et où on ne peut pas faire recours à des droits linguistiques comme outils de revendication et de pression. Je souhaiterais vous voir collaborer davantage avec les autres gouvernements provinciaux afin d’initier plus de projets conjoints qui permettraient à nos artistes d’avoir accès à ce qu’ont les vôtres, et qui nous donneraient l'occasion de diffuser ensemble l’image d’une Acadie plus diversifiée et toujours aussi solidaire. Je vois aussi l’occasion pour vous de jouer un rôle plus actif lors de nos revendications linguistiques, culturelles et politiques. Nous avons parfois l’impression de nous battre seuls pour nos coins d’Acadie, et un appui public de votre part contribuerait à la légitimation de nos luttes. Tendre la main d’Acadiens à Acadiens, surpassant les frontières géographiques et les couleurs politiques, serait la concrétisation de la devise du peuple acadien, l’Union fait la force, que vous avez pertinemment citée dans votre lettre. Certes, nos communautés ont déjà plusieurs groupes qui travaillent avec acharnement sur divers dossiers, mais ils peinent souvent à se faire entendre auprès de leurs gouvernements, en raison de nos statuts de minorités aiguës au sein de nos provinces. En utilisant les moyens de communication à votre disposition pour appuyer nos efforts, et en joignant nos causes à vos occasions de dialogue et de collaboration auprès de vos homologues des autres provinces , vous nous aideriez à faire avancer nos projets, et à construire un meilleur avenir pour notre Acadie collective. Le développement de l’avenir du peuple Acadien repose en partie sur les épaules de notre Société Nationale de l’Acadie (SNA). Cet organisme, fondé en 1881 lors de la première Convention Nationale Acadienne, a pour mission d’être le porte-parole du peuple Acadien. Ses membres sont les organismes jeunesse ainsi que les organismes porte-parole des quatre provinces Atlantiques, et la SNA oeuvre également auprès des Acadiens situés ailleurs dans le monde: en France, en Louisiane, au Québec, et en Alberta, pour n’en nommer que quelques-uns. Comme cet organisme est à la fois pan-Atlantique et planétaire, il n’a pas recours aux dispositifs habituels de financement disponibles aux organismes francophones. La SNA doit représenter notre peuple aux yeux du monde sans financement pour des interventions à l’international, et doit de plus faire attention de ne pas soustraire des opportunités de financement à ses membres situés en Atlantique. La situation financière de la SNA est depuis longtemps précaire de par sa nature, et l’organisme réalise ses opérations en ayant recours à des solutions créatives et en limitant ses actions d’une année à l’autre selon les moyens qui lui sont disponibles. Aider notre société nationale à obtenir un financement stabilisé lui permettrait de mieux faire rayonner l’Acadie ici et ailleurs, et de continuer ses activités essentielles pour notre nation, telles que ses événements jeunesse, la continuité du Congrès Mondial Acadien, la protection de nos symboles, le devoir de mémoire envers notre odyssée, ainsi que son rôle de concertation sur des enjeux importants tels que l'alphabétisation et l’immigration. Cela lui permettrait également de continuer à développer des nouvelles initiatives pertinentes et porteuses pour l’Acadie et son peuple. Votre lettre témoigne de votre sensibilité envers l’importance des nuances à apporter au discours utilisé lors de prises de paroles au sujet de l’Acadie. Je vous encourage de continuer à être vigilant lorsque votre gouvernement s’exprime sur cette thématique, et de tenir compte du fait que les autres Acadiens se sentent souvent exclus lorsque des actions sont désignées comme étant acadiennes, mais ne rejoignent que les citoyens de votre province. Si vous cherchez à mieux connaître et comprendre ces nuances et ces enjeux, je suis certaine que la SNA et ses membres seraient ravis d’échanger avec vous à ce sujet, et de fournir un aiguillage à vous et à votre équipe dans ce dossier à l’avenir. Il va sans dire que je suis à votre disposition si je peux vous fournir une aide, quelle qu’elle soit, sur cet enjeu important. Je suis récemment déménagée au Nouveau-Brunswick afin d’y vivre une francophonie plus tangible, et il me ferait grand plaisir de contribuer au développement de ma nouvelle province en partageant avec vous mon expérience considérable dans le domaine des enjeux identitaires de l’Acadie. Je suis convaincue que le Nouveau-Brunswick est en mesure d’assumer son rôle de leadership auprès de l’Acadie et de sa diaspora vaste et diversifiée, et que nous en serons tous enrichis. Ne vous gênez surtout pas de me contacter, je réponds toujours à l’appel de ma patrie acadienne. Je vous remercie encore une fois pour votre lettre, que j’ai rendue publique par l’entremise de mon compte Facebook et mon site web personnel, afin que votre message soit entendu par des Acadiens de partout au monde. Je souhaite qu’elle soit le début d’un meilleur dialogue entre Acadiens, et de la prochaine étape de notre développement collaboratif comme nation. Finalement, si nous avons la chance de nous croiser au prochain 15 août, je ne manquerai pas à deux reprises l’occasion de vous inviter au after-party. C’était vraiment une belle soirée... Acadiennement, Céleste Godin Croyez-vous qu'on va devenir des penpals à vie? Nous sommes ici réunies pour le dernier sacrement de Radio-Halifax Métro.
Tu en es aujourd'hui à ton dernier souffle, mais tu n’es plus vraiment avec nous depuis longtemps. Tu passeras bientôt à une autre fréquence, celle des souvenirs. J’ai le devoir de dire ces derniers mots pour toi. Je te ferai justesse, tu sais comment je t’ai aimée. Mais tu me connais, je me dois aussi d’être franche. Après tout, tu étais ma radio aussi et je dois maintenant t'enterrer. Je t’ai connue dès tes premiers pas, lors de mon adolescence. Tu étais alors qu’une étincelle dans les yeux d’une communauté dispersée et invisible. En pensant à toi, on pensait avoir un meilleur avenir où les francophones pourraient s’entendre et se trouver, marchander, et vivre, et tout ça dans la municipalité au complet en simultané, par la magie des ondes radiophoniques. Et on a travaillé fort. Je me rappelle des premiers test des ondes de radio au début des années 2000 avec des radios temporaires et des studios dans un placard au centre communautaire. Les gens voulaient tellement t’entendre que certaines avaient attaché des casseroles en cuivre à leurs radios pour mieux capter tes ondes encore un peu foetales. On avait hâte d’enfin arriver à ta naissance et commencer une nouvelle étape de nos vies, avec toi à nos côtés. Je t’ai perdue de vue pendant mes années noires, celles où j’étais loin de ma culture et où ma langue s'effritait tranquillement vers le néant. Pendant ce temps, tu étais en pleine croissance. Tu as eu des vrais studios. Tu a gagné tes propres sous. Le plus beau, c’est que dans le milieu de la plus grosse ville à l’est du Québec, tu as obtenu une vraie fréquence radio pour la communauté francophone, le 98,5 fm. Quand je suis revenue à la communauté, c’est toi la première qui m’a prise sous ton aile, dans le sous-sol d’une grande radio commerciale. Tu m’a donné un emploi en français quand j’en avais vraiment besoin, à essayer de vendre de la publicité sur tes ondes. J’étais tellement en voie d’assimilation quand je suis arrivée que je devais garder un dictionnaire anglais-français avec moi en tout temps pour être conversationnelle. Tu as eu la patience de me laisser retrouver ma place dans ma propre langue. Je pense que j’aurais trouvé une façon de me sauver moi-même si tu n’étais pas là, mais une radio communautaire, ça a le pouvoir magique de changer des vies de toutes sortes de façons. Tu as certainement changé la mienne. Mais les choses n’étaient jamais vraiment roses. Même dans tes plus beaux moments, tu as toujours eu une épine aux finances. Je le sais, pour l’avoir vécu, que c’est très difficile de convaincre les entreprises qu’un public qu’ils ne connaissaient même pas vaut la peine de cibler. C’est difficile de faire la de francophonie invisible de Halifax un meilleur investissement que toutes les autres radios commerciales, celles qui ont des côtes d’écoutes dans les centaines de milliers de personnes. Tu as eu des bons moments: des bons commanditaires, un appui généreux du feu M. Chagnon. Mais ce n'était jamais assez pour te sortir de la pauvreté. Tu étais à la merci du pouvoir économique collectif d’une communauté qui ne s’est pas encore trouvée. Ici, c’est un miracle si plus de 50 francophones se trouvent dans une salle, malgré le fait que nous sommes des dizaines de milliers de personnes. Et toi, ma pauvre, tu avais la tâche de nous rassembler tout en dépendant déjà de nous. On t’a piégée avec nos rêves d’avenir. Mais tu as continué de vivre. Et nous avons continué de croire. Tu n’allais pas bien. Tu n’as jamais vraiment décollé à ton plein potentiel. Tu as fais des choix bizarres dans tes relations communautaires. Je pense qu’à force de partager une bâtisse avec une grosse radio commerciale, tu as commencé à croire que tu devais être comme elle. Que tu devais te gonfler, et garder tes problèmes pour les intimes. Que parce que tu étais dans un centre urbain, que tu valais plus que les autres radios communautaires de la province, toutes rurales. Que c’était à la communauté de venir vers toi, et non toi vers nous. Croire en ce projet, notre radio, s’est vécu comme une addiction. Dès la première fois qu’on rêvait d’une francophonie tangible par le biais de cet outil, on y était accros. Au fil du temps, le high était moins bon, et on passait de plus en plus de temps à être frustrées et anxieuses, mais ça ne nous empêchait pas de continuer. Peut-être que si on essayait toutes un peu plus fort, on pourrait atteindre la joie du premier high. Croire, c’était plus fort que la réalité. C’était meilleur que la réalité. Mais une à une, on a commencé à se réveiller et briser le cycle de la dépendance. Nous avons pu nous admettre que malgré tout l’effort que chacune pouvait y mettre, notre radio continuerait sur son chemin vers une mort certaine. Nous avons dû mettre fin à nos relations avec toi afin de nous protéger du dommage que l’espoir en toi nous causait. La plupart sevraient complètement avec toi et cessaient même de t’écouter. Comme des 12-steppeusess, nous avons eu beaucoup de rassemblements pour parler de toi, de combien c’était difficile de ne plus t’avoir dans nos vies. “Je m'appelle Céleste et je suis une CKRHolique. “Nous avons partagé notre déception, nos peines et nos frustrations. Si une radio pouvait fonctionner sur des soupirs, des larmes, et du désespoir, tu aurais été comblée. Nous avons tenté de te sauver, d’intervenir. Nous avons essayé de te tendre des perches en t’achetant des publicités et en te proposant des projets. Nous avons proclamé que nous t’aimions bien mais que si tu continuais sur ce chemin, tu t’en allais vers une mort certaine. Mais tu n’as jamais vraiment voulu nous entendre. Peu importe les circonstances, tu demeurais convaincue que tu avais déjà le bon plan pour tout redresser. Même après des incidents majeurs, tu nous repoussais et tu insistais que tout était sous contrôle. Tu n’avais plus d’animateurs rémunérés, plus de web-diffusion, plus de personnel, plus de bon sens. Tu avais de plus en plus de dettes à des gros joueurs comme l’ARC et Radio-Canada . De moins en moins de gens étaient autour de toi, tu crevais de faim. Je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas déclaré un état de crise totale, ou compris que tes méthodes ne fonctionnaient pas. Pourquoi tu as refusé d'écouter nos plaidoiries. Pourquoi tu as tenu à faire à ta façon, malgré la mort certaine que nous y voyions tous. On ne peut pas aider quelqu’un qui refuse d’être aidé. Ta maladie chronique a été longue et pénible à voir. Je t’en veux de t’avoir laissé mourir ainsi. D’avoir refusé d’admettre que tu étais en crise jusqu’à ton dernier souffle. C’est dégueulasse de faire ça à ceux qui nous aiment. Et maintenant tu nous réclames 100 000$ pour te sortir d’une tombe que tu as toi-même creusée. Si c'est même possible pour ma communauté de mobiliser autant de sous, est-ce que c'est à toi qu'on devrait les donner? Ce montant pourrait servir à des salaires, des projets, un avenir. Mais il ne servira qu’à payer pour tes fautes, celles que nous avons essayé de t’empêcher de faire, alors que tu te fermais les yeux et que tu te bouchais les oreilles. Si nous payons ta dette, nous repartirons à zéro le lendemain parce que tu n’auras pas plus de financement, et tu ne seras pas plus près de la communauté. Je ne te donnerai pas un sou, parce que je t’ai déjà assez donné de moi, et parce que j’ai fini d'être tonenabler. J’ai fini de jouer ce jeu avec toi. Si ça veut dire que cette fois sera ta dernière, ainsi soit-il. Si je dois moi-même pelleter la terre sur ton cercueil pour que ça finisse une fois pour tous, je le ferai, l'âme en morceaux. Je n'en peux plus de te regarder vivre comme ça. Mais ne crois pas pour un instant que je ne pleure pas ta mort. Je suis profondément en peine pour ce que nous allons perdre. Nous, haligéennes, vivons dans cette ville anglaise et nous avons peine et misère à nous retrouver là-dedans. Les enfants qui grandissent ici ne gardent pas l’identité culturelle de leurs parents, et sont perdues dans leur francophonies. La plupart des adultes viennent en fait d’ailleurs et ont choisi de venir s’installer ici à Halifax. Nous n’avons pas de quartier français, nous n’avons pas de point de repère. Nos espaces communautaires sont loin et mal fréquentés. Cette ville est pourtant ouverte à la francophonie, nous avons assez de francophones, francophiles, franco-capables et franco-cachés de toutes sortes pour vraiment vivre quelquechose ensemble. Être une vraie communauté. Toi, en couvrant tout cet espace géographique par la radio, tu avais le potentiel d’être la braise qui commence la révolution. Mais tu es entrée trop tôt dans le cimetière du potentiel raté de ma communauté. Un monument à toutes les choses que je continuerai à ne pas vivre ici. J’ai peur que ta faillite restera en nous sous forme d’une peur de l’innovation et des idées osées. À chaque fois qu’on proposera des nouvelles initiatives, j’ai peur qu’on invoquera ton fantôme pour nous faire peur et semer le doute en nous. On dira qu’on ne peut pas compter sur les francophones pour soutenir une initiative. On dira qu’on n’existe pas. Mais il faudra plutôt se rappeler qu’on a réussi à exister, un peu, pour un moment. Qu'aujourd'hui nous pleurons le suicide de notre radio chérie, mais que demain, peut-être, nous applaudirons un nouveau début. Qu’un jour, nous réussirons à nous retrouver. Que nous vivrons vraiment. Donc je lève un dernier verre à CKRH, notre radio qui vivra bientôt une mort prévisible et évitable. Que ton lègue soit une leçon pour nous, et que nous nous appuyons sur un réalisme pour faire fonctionner notre avenir. Que ta mort soit plus paisible que tes dernières années l’aient été. Adieu, CKRH. J’espère en aimer une autre comme je t’ai aimée toi. L'émission VIENS VOIR ICI a réalisé une émission sur moi cet été. On jase du contexte francophone à Halifax, sur les raisons pour lesquelles j'écris, et je montre ma ville à Laura. À noter que cette émission est réalisée par Gabriel Tougas, à qui j'envois des niaiseries régulièrement Musique recommandée: Les Hôtesses d'Hilaire Cette semaine, il y a eu un incident qui a commencé avec un client qui commande un jus de pomme en français dans un avion, et qui a fini avec une escorte policière à l'atterrissage. Ce n’est pas la première fois qu’on fait des plaintes pour du service en français pour commander des boissons dans l'avion. En fait, on dépose constamment des plaintes. Plainte. Plainte, Plainte, Plainte. Plainte Être francophone, c’est tellement enrichissant. On apprend à remplir plein de documents. Cet incident, dans un avion de Porter, compagnie qui n’est pas assujettie aux même lois linguistiques que Air Canada, m’a marqué pour plusieurs raisons. D’abord, en 2015, c’est prendre un gros risque de ne pas avoir de service à la clientèle en français quand on est un compagnie pancanadienne. Même si Porter a des employés qui parlent le français, la chance de les avoir sur ton vol est laissée au hasard. Je ne vais pas commencer à déblatérer sur les 10 millions de francophones au Canada. Fais ton market research, Porter. On est là, on achète des billets d’avion, on se frustre quand on ne se fait pas servir en français, et on sait comment appeler les médias. Réveille-toi pis apprends au moins comment dire les choses de base en français: "jus de pomme", "ceinture" "range ton osti de ipad", etc. Si d'autres lignes aériennes peuvent faire des choses comme ceci pour les clients, toi tu peux apprendre à parler un peu de français. Cela étant dit, il y a une phrase clé dans cette histoire: “C'est un peu avant l'atterrissage, lorsqu'un des agents lui a donné une consigne de sécurité en anglais au sujet de son sac placé sous son siège, qu'il s'est senti davantage interpellé et qu'il a réagi en haussant le ton, semble-t-il.” Le monsieur en question a dit de l’incident “ J'étais émotif, et les 30 ans d'humiliation et d'arrogance que j'ai subis dans les avions et les aéroports me sont entrés dans le corps. J'étais au bord des larmes. Malgré toutes les plaintes, la situation se dégrade.” Ouain. Reste-t-il quelqu’un, en 2015, qui pense qu’on peut hausser la voix dans un avion sans conséquences? Même si on est justifiablement frustré après une vie de plaintes linguistiques qui s'accumulent dans nos veines, c’est une très mauvaise idée de hausser le ton à une agente de bord. Surtout si c’est en français, une langue qu’elle ne comprend pas, elle ne comprendra pas que tu es fâché parce que ce jus de pomme symbolise toute les luttes linguistiques que ton peuple n’a pas encore gagnées. Elle va croire que tu es un agressif dangereux. Et depuis 2001, on sait ce que ça veut dire. Donc il est important pour nous, francophones susceptibles aux frustrations constantes dues à l’incompétence linguistique de nos compagnies aériennes, de nous protéger. Nous devons rester calmes dans les avions et les aéroports, et sauver notre rage justifiée et la canaliser dans les bonnes places: Plaintes officielles, médias, Twitter. Si on faisait des vidéos comiques, ils comprendraient peut-être mieux nos causes. Alors comment faire? Voici mes 6 conseils de voyages pour francophones susceptibles: 1. Achète ton billet sur Internet Toutes les compagnies aériennes offrent du service à la vente en français. Ils sont moins cons que je pensais. Tu peux prendre le risque de les appeler, mais ils pourraient ne pas avoir d’agents francophones, ou il y en a juste un qui travaille aujourd’hui et ça prend forever. Tu risques aussi, en parlant à des inconnus, de souffrir d’insécurité linguistique s’ils ne comprennent pas bien ton accent. Sauve-toi de tous ces problèmes potentiels et achète ton billet sur Internet. 2. Baggage: Carry-on seulement D’abord, au cas où tu ne t’en étais pas rendue compte, les compagnies aériennes veulent nous faire payer pour le privilège d’avoir une valise avec nous. Non merci. Apporter une valise qui va en soute veut dire que tu dois interagir avec quelqu’un à l’aéroport. Ça veut dire prendre le risque de ne pas te faire servir en français, et de commencer à être fâché avant même d’être dans l’avion. Au lieu, apporte seulement un carry-on (désolé, mais “bagage de cabine” c’est trop laid, je refuse de l’utiliser), et tu te sauves aussi le risque de peut-être te faire servir en anglais si ta valise est perdue. Pas sur que tu peut tout faire rentrer dans une petite valise? Ça s’apprend. Oublie pas tes lunettes de soleil. 3. Pré-enregistrement en ligne Si tu t’enregistres en ligne, et que tu as juste un carry-on, tu peux directement aller à la sécurité quand tu arrives à l’aéroport. Tu peux essayer d’utiliser les petites stations à l’aéroport pour t’enregistrer, mais si elles sont toutes cassées, tu sais bien ce qui pourrait t’arriver. De plus, tu peux choisir ton siège lorsque tu fais ton pré-enregistrement. Il est très important de ne pas choisir une sortie de secours. Si ton agent de bord est unilingue, il ne pourra pas te donner les consignes de sécurité et tu vas devoir changer de place. C’est dangereux pour le niveau de rage. Choisis une fenêtre. Tu verras pourquoi tantôt. 4. Avant le vol: achète quelque chose à boire. C’est clair que commander des choses à boire dans les avions, ça peut faire déclencher toutes sortes de choses. Tu peux t’épargner de la situation entière en apportant ton propre jus de pomme. Le dépanneur dans l’aéroport ne pourra peut-être pas te servir en français non plus, mais tu seras trop occupé à être stupéfait par le prix que ça coûte pour te rendre compte de la langue dans laquelle on te saigne à blanc. Alternativement, apporte une bouteille vide et remplis-là après avoir passé la sécurité. Points bonus si c’est une bouteille d’eau d’un organisme francophone. 5. Dans l’avion: Le silence est d’or Si tu as bien fait tes devoirs, tu devais pouvoir entrer dans l’avion, mettre ton sac dans le compartiment, et t'asseoir à ta fenêtre. Mets tes lunettes de soleil et fait la muette. Les agents de bord n’ont pas besoin de te parler si tu mets ta ceinture, tu ranges ton stuff comme du monde, et tu ne mets pas tes écouteurs pendant le décollage. Tes lunettes de soleil disent à ton voisin que la conversation, non merci. Oublie pas de lire le pamphlet de sécurité et de compter les sièges entre toi et la sortie de secours. En cas d’urgence, tu pourrais faire face à des unilingues anglophones. Bois ton jus de pomme en tranquillité, relaxant en regardant défiler les nuages. Points bonis si tu écoutes de la musque en français sur le système de l’avion, contribuant subtilement à la présence francophone. Quand l’agent de bord passe pour offrir des boissons, fais semblant de dormir. 6. Après le vol Tu est arrivée à destination sans plus te frustrer sur nos problèmes francophones. Félicitations. Tu as conservé ton énergie, et tu es prête à mener ta prochaine lutte. Si tu te sens vraiment zen, tu peux tweeter la compagnie aérienne pour les remercier de t’être rendue à destination, en français. Oui, nous avons un devoir imposé en tant que francophones avertis de demander le service en français partout où nous avons droit, et partout ailleurs aussi. Mais si on en est rendus à se faire escorter hors des avions parce qu’une goutte de jus de pomme a fait déborder le vase de nos frustrations, nous avons besoin de prendre un pas de recul et une grande inspiration. Restons chill dans les avions, et battons-nous ailleurs. Toutes photos: Céleste Godin 2015
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À proposJe suis Céleste Godin Ici sont mes idées, des pensées pas rapport et du random junk. C'est kind of intéressant, hopefully. Note sur la langue utilisée:
Ce blog n'a pas honte d'utiliser des mots anglais ni d'inventer des mots. Afin d'alléger le texte, le genre féminin est utilisé. Le masculin est inclus lorsque le contexte l'indique. Le stuff que t'as manqué
January 2021
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