Je rêve encore parfois À notre terre promise À la nation qu’on aurait fondé Au peuple qu’on aurait inspiré Je l’avais cru Ce rêve du jeune âge: Que se comprendre, c’était s’aimer Que l’identité, c’était l’intimité On en a valsé une de trop Sur la frontière de notre naïveté Le territoire est devenu flou Malgré tous nos traités Je t’ai offert mon allégeance Tu m’as déclaré ta neutralité En te tournant vers d’autre colonies Pour ne pas voir notre village brûler Marchant noblement vers la grève Dans ton chaos et ma confusion J’ai tenté de monter une résistance Avant de me blottir dans une cale Étourdie dans des terres inconnues Je t’ai trop longtemps cherché Ma quête ne mènera pas à toi Je ne mourrai pas dans tes bras Parfois, je commémore encore La diaspora que tu as mis entre nous Assise dans le parc de nos souvenirs Je suis la seule pleureure L’exil a ses richesses: Ma grande déception Et ton manque de dérangement Inspireront plus qu’un seul poème Je n’oublierai pas notre histoire Il faut avoir beaucoup aimé Pour trouver la force de dire Je te pardonne
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j’ai cru au mythe de l’acadie traditionnelle
j’ai trahi mon peuple dans l’acadie infidèle j’ai été figée comme l’acadie dysfonctionnelle je porte les cicatrices de l’acadie qui se flagelle je me suis enfermée dans l’acadie institutionnelle j’ai braillé à genoux dans l’acadie dévotionnelle je me suis excommuniée de l’acadie spirituelle j’ai senti le froid de l’acadie trop peu sensuelle j’ai été machiavélique comme l’acadie cruelle j’ai hurlé ma rage dans l’acadie rebelle j’ai effleuré l’acadie fragile comme de la dentelle j’ai passé les portails de l’acadie pan-dimensionnelle j’ai rêvé à l’envers dans l’acadie surréelle j’ai rôdaillé dans l’acadie des ruelles j’ai disséqué les acadies avec mon scalpel j’ai tenté de comprendre l’acadie irrationnelle j’ai coupé les cordes de l’acadie polichinelle j’ai phoenixé dans l’acadie qui se renouvelle C’est tu trop quétaine si je dis que Acadie Rock m’a sauvé la vie? Je suis arrivée à Moncton en catastrophe au début juillet. Fuyant la marée montante de mon assimilation avant de m’y noyer, je suis venue me sauver dans la capitale contre-culturelle de l’Acadie, question de me remplir les poumons d’air français et le toucher à ma culture de mes propres mains. C’était rough pareil. Parce que j’avais mal à mes Badlands. Parce que j’étais overwhelmed du contact constant avec mon peuple. Parce que si j’ai toujours été “l’Acadienne de Halifax”, then who the hell que j’étais astheure, “Une Acadienne parmi d’autres à Moncton”? Parce que cette crise existentielle shakeait mon âme plus que les centaines qui l’ont précédée. C’est au début de ma deuxième semaine que vous m’avez appelé pour m’offrir de participer à la Soirée poésie Gérald LeBlanc dans le cadre d’Acadie Rock. Thank god. J’ai quitté ma Nouvelle-Écosse adorée sous la prétention de pouvoir faire de l’art en français et me voilà, à quelques jours de mon arrivée, avec l’invitation de faire justement ça dans les mains. God knows ce que j’aurais fait de tous les sentiments que j’ai vécu ces premières semaines-là si je n’avais pas eu cette performance envers laquelle les canaliser. Sans tomber dans le cliché de l’art comme outil de santé mentale, j’peux pas nier que Acadie Rock m’a donné une prescription d’espoir quand j’en avais le plus besoin. Merci de m’avoir laissé dire mes affaires, devant un public qui mériterait un prix pour son attentivité malgré le hangover général qui est le trademark des 16 aoûts. Merci de me laisser faire ma thérapie culturelle sur l’autel du Temple Aberdeen, protégée par les esprits de tous ceux qui y sont passés avant moi. Merci de m’avoir mis juste après Gabriel Robichaud et son Manifeste Diasporeux, parce qu’un yang n’est rien sans son ying. Merci de n’avoir eu que de l’amour et de la compassion pour moi, malgré ma façon agressive et accusatrice de dépacter mon bagage émotif. Merci de m’avoir laissée être moi. C’était clair depuis le début qu'Acadie Rock allait être une étape importante de mon rehab linguistique, même avant que vous me tendiez la main pour me sortir personnellement de mon néant identitaire. Acadie Rock a toujours été “mon” festival acadien depuis son lancement, même si j’ai manqué les 4 premières éditions, ayant d’autres missions à accomplir ces 15 aoûts-là. Savoir que ce festival existait et célébrait le genre d’Acadie à laquelle j'appartiens était important pour moi.
Ce qui fait la magie d’Acadie Rock, c’est que ce n’est pas la célébration de l’Acadie de Moncton. Ce n’est pas faire les choses telles qu’elles ont déjà été faites. C’est créer des moments qui marquent, et célébrer le fait qu’on est en train de les vivre ensemble. C’est cette célébration de chaque moment vécu en collectivité qui fait qu’on fête l’Acadie autant dans un show d’humour que dans un tintamarre. Que nos icones sont autant Klo Pelgag en outfit de fruits que les Hôtesses d’Hilaire en costumes britanniques waveant un énorme drapeau acadien. Merci d’avoir organisé le festival que j’avais besoin de vivre. Merci de me faire entendre les artistes que j’ai admiré de trop loin, et de me mettre en pleine face ceux que j’avais besoin de découvrir. Merci de m’avoir donné une semaine spirituelle avec ma congrégation au temple Aberdeen. Merci d’inviter des médias d’ici et d’ailleurs afin qu’ils puissent être missionnaires de cette nouvelle vision de l’Acadie. Merci de m’avoir laissé grimper sur le toit du monde sans me demander de redescendre trop vite. Merci de me faire vivre Moncton à son meilleur. Merci de me donner ces heures magiques entre couche-tard. Merci de me laisser me saturer de tout ça. J’ai besoin d’Acadie Rock. Nous avons besoin d’Acadie Rock. L’Acadie a besoin d’Acadie Rock. Parce que c’est plus qu’un festival. Parce que c’est plus qu’une thérapie culturelle collective. Parce que c’est plus que la réincarnation de l’esprit du Kacho. Parce que c’est plus que la preuve vivante que la culture acadienne est tout sauf statique. Parce que ça sauve des vies. Parce que ça a sauvé la mienne. Merci, Acadie Rock. Merci. Je suis debout sur l’autel du temple Aberdeen
En ce jour de hangover national En plein milieu des rites annuels d’Acadie Rock C’est à mon tour de faire des invocations Et d’être prêtresse pour le peuple J’voulais vous écrire un poème Avec des incantations magiques Et des métaphores mystiques J’voulais vous ensorceler avec un charme Qui vous mettrait sous le mien J’voulais vous manipuler avec mes mots Vous hypnotiser avec mon humour Je voulais me mériter une initiation À l’ordre des poètes du patrimoine Mais Ce soir, j’ai une promesse à préserver Des obligations à obéir J’ai fait mon serment d’allégeance À la diaspora Acadienne elle-même Alors, au nom des Badlands et du peuple perdu J’ai le devoir solennel De vous livrer le message suivant: Chers membres du public: vous êtes un paquet de privilégiés On m’a dit que je ne devrais pas vous accuser Que jamais vous ne me pardonnerez Que dans un petit milieu faut pas être trop dangereuse Que faut pas tuer sa carrière à coup de mitrailleuse Mais Fuck it La vérité c’est un processus violent Et j’me kamikazerai pour la cause n’importe quand Sous nos pieds Dorment des maisons d’éditions Des compagnies de productions Des galeries d’art, des écoles de danse Où ce festival-même se manigance Il y a plus de choses prises pour acquis En ce moment sous ce plancher Que j’ai vu dans toute ma vie dans l’Acadie des oubliés Vous entendez ce soir sept poètes Well, 6 poètes Et une créatrice de chaos Qui créent dans votre langue Celle dans laquelle vous vivez Sans trop y penser Tous les moments importants d’une vie: Boire, rire, pleurer. Danser, débattre, hurler Aimer, haïr, fourrer Sans en avoir honte Sans même vous en rendre compte Elsewhere, at the exact same time Les Badlands sont toujours en crise Pris en état de banqueroute culturelle La dette linguistique nationale augmente La sécheresse perdure Nos idées ne poussent pas On souffre de malnutrition identitaire Dans le royaume des affamés On n’arrive pas à récolter nos communautés Ici, c’est l’obésité omniprésente On se plaint, le ventre gonflé D’avoir encore trop consommé de culture On se gave jusqu’à l’écoeurantite L’embarras du choix est une vraie épidémie Le diagnostic des gâtés pourris C’est du “j’les ai dejà vus y’a pas longtemps” et du “c’était meilleur dans notre temps” C’est dire avec sincérité la devise des privilégiés: “y’a trop de choses ce soir, j’peux pas me décider” C’est la discordance de la boulimie blasée À côté de la famine flagrante Les miettes qui tombent de votre buffet Nous nourriraient pendant longtemps Si on va continuer à s’imaginer Tous assis autour de la même table Il va falloir un jour adresser Les déséquilibres indéniables Il y a un tier-monde Acadien Ce qu’on nomme naïvement “La patrie en voie de développement” Appelez-ça comme vous voulez Mais ayez au moins la sensibilité d’y penser Si j’ai le ton un peu sec Les idées en papier sablé C’est parce que je viens de survivre trois décennies dans le désert des Badlands Où les oeuvres de notre littérature Sont de mystérieuses légendes Celles qui sont exposées sur nos étagères Sont des artefacts précieux Des reliques rapportées dans nos bagages Souvenir de longs pèlerinages Let’s get real for a minute Vos écrits n’existent pas chez nous Les Acadiens des Badlands N’ont pas lu vos oeuvres Même moi, l’auto-proclamée Forte-parole et poster-exiled Du peuple qui peine à survivre Je n’ai pas vraiment lu vos livres Might as well admettre ici et maintenant, Que je suis la poète la plus inculte Que vous entendrez ce soir Que j’ai lu Georgette mais pas Raymond-Guy Que j’ai lu Pélagie mais pas le reste Que ça fait juste un an que j’ai connu Gérald Dans la reading room à Marc Chamberlain Que je n’ai jamais tenu une copie d’Acadie Rock dans mes mains J’mens sors mieux que la moyenne… D'analphabétisation à 66% Mais c’est dû en grande partie À la générosité de ce poète barbu Qui me laisse boire de son oasis Après que son vin le couche J’me self-medicate avec sa bibliothèque Je comble mes lacunes avant qu’on les pointe du doigt Je guéris mon ignorance une page à la fois Et si nos étagères nues sont tristes La vraie tragédie c’est les rayons vides De notre imaginaire Tu peux pas te chercher dans une culture Sans y être initié Tu peux pas détruire l’establishment Sans savoir où viser On aime gonfler nos poitrines En disant que notre pays est intérieur Et a pour limites territoriales Les parois de nos coeurs Mais les frontières relèvent du réel Même dans notre pays imaginaire C’est de leur faute que même ici avec vous J’ai toujours un statut de minoritaire Notre peuple est encore à la dérive Le temps fait croître la distance entre nous Comme l’expansion de l’univers Qui nourrit le vide entre les astres Des années-lumière nous séparent maintenant Et vous projetez votre mythologie Sur nos lueurs dans votre ciel Pour faire des constellations auto-référentielles Mais c’est juste sur votre planète Qu’il y a eu une Renaissance Acadienne Qu’il y a eu un 68 Qu’il y a eu un Kacho Que le chiac a été poétisé Que l’Acadie a été ré-inventée Si le temps est mesuré à partir de révolutions, Faut pas s’étonner qu’on a du mal à se synchroniser Alors que le cosmos entier est le canvas de vos créations Nous on reste figés dans une autre dimension J’ai une bonne nouvelle pour vous Ce poème accusatoire a bel et bien une fin Le rituel de la réprimande sera complet Et vous pourrez vous recacher Dans le confort de vos nombrils Mais cette libération est conditionnelle Quand j’aurai fini de jouer à la poète dissidente Interdiction formelle de me dire les choses suivantes: UN Ne me dites pas que Moncton est actually pas mal anglais Que ça s’assimile ici aussi Que votre bilinguisme est difficile Pour une une fois dans vos vies Ayez la compassion de vous taire Ne vous mettez pas encore une fois Au centre de l’univers DEUX Ne venez pas me faire la leçon Et me dire que cette opulence est le fruit de longs labeurs Je n’en ai jamais dit le contraire Et c’est pas parce qu’il y a des riches qui ont beaucoup travaillé Qu’on ne devrait pas parler de pauvreté TROIS Ne venez pas me dire que la Nouvelle-Écosse Est présentement très en vogue Si je suis fière de notre Baie Sainte-Marie Elle est loin de représenter mon vécu Pendant que vous êtes émerveillés par son phare Les Badlands restent toujours dans le noir Revenez me voir quand vous avez fait le constat De Pubnico, Pomquet et Petit-de-Grat QUATRE N’allez pas dire dans mon dos Que j’exagère et que je dramatise Si vous voulez me neutraliser En m’accusant d’hystérie Ceci est votre invitation faussement polie De retourner dans votre own millénaire Anyways j’me suis déclarée l’émissaire des enragés Et je refuse de descendre du haut de mes frustrations Je vois plus clair à partir d’ici Et la colère est l’encre avec laquelle j’écris FINALEMENT N’ayez pas la prétention de croire Que vous pouvez me battre à mon propre jeu N’essayez pas d’avoir le mot final En venant me dire, sûrs de vous (Sarcasm face) Que j’ai quand même fait le choix indépendant D’être dans l’endroit que je critique incessamment Parce que oui, j’ai opté pour l’exile Mais mettons quelque chose au clair: Chuis ici en tant que réfugiée linguistique Et je souffre de post-traumatisme culturel Je fais encore des cauchemars Où je revois ma Génocideville adorée Le désert des Badlands est en flammes L’assimilation égorge des familles entières Des cris silencieux me hantent Mes plaies sont encore saignantes So oui, j’ai crissé mon camp en claquant la porte Mais j’ai quand même le coeur cassé Conséquence de mon incapacité de construire une communauté Où je suis capable de communier et de créer Pour une fois dans ma vie j’ai voulu être une privilégiée Goûter à toutes les richesses que je vous ai enviées J’ai payé à plein prix mon exile En échange du rêve d’une Acadie plus facile L’Acadie où la patrie se vit sur les trottoirs Où un bataillon de poètes fait la patrouille de nuit Où tous les backyards sont des centres communautaires Où les agents de la contre-culture sont mes mentors Où les penseurs et les artistes s'entassent sur la même terrace Où on conspire toujours une révolution après quelques verres Où on menace constamment de tout recommencer à zéro Où tout n’est pas tâché de honte et de tristesse Où parler français n’est pas un acte révolutionnaire Où il y a la reading room à Marc Où on inaugure au lieu de commémorer Où la déportation est finie Où on tombe en amour en français Où on peut se saturer de culture Où on peut toucher au sacré dans le Temple Aberdeen Où je ne suis jamais la seule Acadienne Où j’peux vivre toutes mes émotions dans ma own langue Où je peux lire mes poèmes à haute voix Où mes mots sortent de leur coma Où j’peux appartenir à quelque chose qui me ressemble Où ça se passe tout autour de moi Où ça me rentre dans l’âme Où je suis venue me perdre Où j’essaye encore de me retrouver Well, C’t’affaire-citte peux clairement pas finir de même So j’vous propose un toast On lève nos verres à tous ceux qui ne sont pas ici avec nous À ceux qui ont raison d’être jaloux À ceux qui n’entendent jamais des poètes À ceux qui ont le 15 août comme seule fête À ceux qui ont mal à leur Acadie À ceux qui rêvent de vraiment vivre leur patrie À ceux qui ont trop honte pour parler À ceux qui ne savent même pas ce qu’ils sont en train de manquer À ceux qui n’ont jamais aimé en français À ceux qui se trouvent juste drôles en anglais À ceux qu’on oublie toujours À ceux qu’on ne mentionne jamais dans nos discours À ceux qu’on a un peu abandonné À ceux qui se sentent seuls et isolés À tous ceux qui ne sont pas des privilégiés comme nous le soleil fait fondre la brume
qui cache sous sa jupe une cité faite de secrets la dénommée Génocideville du sommet du pic de sa colline une citadelle veille avec ses canons emmurés derrière les pierres militaires se cachent les fantômes des séquestrés entre les rives rivales l'île prison fait sa trempette elle fait soleiller sa fosse commune le dépotoir de la diaspora en face des décideurs d’aujourd’hui sous un édredon de ciment dort le marionnettiste du malheur couronné de nymphes colorées au bord de l’eau l’église-souvenir du peuple dispersé et des maisons détruites des noirs baptisés dans le grand-havre déportés dans des camions d’ordures la brume se rassoit confortablement sur la capitale des goddamns où dort sans culpabilité le peuple de Génocideville J'ai eu la chance d'avoir une exposition à la Galerie Père Léger Comeau à l'Université Sainte-Anne. Aller de publier sur le web à remplir une salle physique c'est...un défi.
Je me suis arrêtée sur le concept de mettre des mots géants sur les murs, avec une miette de disco balls, et de faire un confessionnal acadien en live. À part une panique générale et un problème technique majeur (tout devait être sur du transparent, mais comme c'était imprimé sur le mauvais matériel, on a du laisser les endos, et ca fait plus style strip de papier), j'ai survécu ça, avec beaucoup d'aide de ma mère/monteuse/conductrice/auberge. Au lancement, entre des verres de vin et des hosties avec du fromage, j'ai vraiment eu l'impression de faire mon coming-out comme artiste. Voir en géant un mur entier de mes confessions personnelles, ça a changé quelque chose en moi. Merci à Sylvie de m'avoir offert cette expérience, à maman pour son aide, à tante Murielle pour sa méticuleusité, aux Boulianne pour la pizza et le pep talk, à Isaac pour le graphisme, à Jonah pour le poster, et à tous ceux qui sont venus pour m'appuyer. J'ai des affiches de Fuck you Évangéline à vendre, mais c'est comme trop cher les poster. Si vous êtes à Halifax, vnez en acheter une, sinon, je passe à Moncton la fin de semaine du 31 mars. L'exposition est à la galerie jusqu'au 22 avril. Fuck. Fuck you. Fuck you Évangéline. Fuck you Évangéline. fuck you parce que tu es le fantasme romantique d’un homme américain il t’a éjaculé sur toute la forest primeval tu es notre sex symbol tu es une vierge épurée qui cherche un homme au lieu de se chercher elle-même Fuck you Évangéline. fuck you parce que tu es devenue le shorthand de ma whole culture tu es le fast food de l’Acadie à chaque coin de rue on vend ta tragédie mais tu nourris pas vraiment tu nous rends obèses de clichés Fuck you Évangéline. fuck you parce que la morale de ton histoire ne me sert à rien apparemment chercher un homme dans le chaud et le froid va faire une femme de moi ta vie ne passerait pas le Beschdel test es-tu même une féministe? Fuck you Évangéline. fuck you parce que Pélagie te kickerait le cul for sure si y’avait une fight dans un bras son peuple, dans l’autre la charrette, elle te taperait right dans les amourettes pis elle continuerait vers la patrie pendant que toi tu chase Gabriel forever Fuck you Évangéline. fuck you parce qu’aucune vraie femme acadienne ne s’est méritée une statue aucune de nos persévérances a été bronzée en permanence les gens qui connaissent ton nom pensent qu’ils connaissent ma vie Fuck you Évangéline. fuck you parce que j’ai le même frisson que tout le monde quand ton chum crève en chanson mais un frisson, ce n’est pas une identité pas plus qu’une émotion c’est une nationalité thank god qu’Angèle m’avait averti que t’es juste un bumper sticker Fuck you Évangéline. fuck you parce que je veux still un costume inspiré de celui inspiré du tien pour qu’on voit mon Acadie v’nir from a mile away qu’en me voyant, le peuple se réveille no matter what, tu seras toujours plus iconique que je pourrai ever l’être FUCK YOU, Évangéline! Fuck you. Fuck. Bienvenue aux badlands de l’Acadie, Dans les déserts de nos îles Des presqu’îles, du presque pays La diaspora oubliée Abandonnés ici il y a longtemps Peuples sculptés par l'érosion Des centaines d’années à être seuls Et pourtant on respire encore Ici, c’est l’Acadie des autres L’ Acadie des méconnus L’Acadie des mal-aimés L’Acadie des mal-compris Ici on a tous des accents étranges À force de seulement se parler entre nous On nous dit qu’on sonne comme des anglais Par des gens qui nous sonnent comme des québécois Ici, on ne les a pas lus vos livres Y’a pas place à les acheter On ne connait pas plus les artistes de la grande Acadie Qu’elle connaît les nôtres Ici on ne parle pas le chiac C’est pas cinquante-cinquante On ne conjuge plus nos verbes J’ai park ma bike, j’ai cross la street Ici on s’en fuck des services offerts Parce qu’il faudrait parler à des étrangers Et publiquement admettre Qu’on ne sait pas dire “plaque d’immatriculation” Ici chaque mot de français dit en public Est une révolution ouverte Et nous rend récipiendaires De confusion et de honte mal cachée Ici, on n’a pas eu de 68 Pas de sit-in à l’université Pas de révolution dans les rues On en aura probablement jamais Ici nos écoles nous ont coûté cher On a payé le prix jusqu’à dans nos familles Frère contre soeur, ami contre voisin En se battant contre notre propre ignorance Ici, dire quelque chose Dans une langue qui devrait être la notre C’est se faire brûler au bucher Sans jamais devenir un saint Ici, parler en français à ses amis C’est se prendre pour un autre C’est oser rentrer ses desseins politiques Dans la sphère du social Ici l’anglais, c’est pas l’ennemi, C’est notre famille et notre vie On ne sait plus comment vivre notre langue Sans cracher sur ceux qu’on aime Ici nos écoles sont pseudo-francophones On y vante nos notes en anglais Alors que nos corridors sont infectés De faiblesses et de déception Ici on se croit complètement seuls
Uniques au monde à vivre nos malheurs On a inventé l’assimilation On a inventé le désengagement Ici on est encore des déportés Jamais vraiment remis de l’événement Notre renaissance Acadienne N’arrivera peut-être jamais Ici, on a les voix rauques À force de crier qu’on est là nous aussi Que les badlands identitaires Pourraient faire partie du pays What the hell que je fais ici Toute seule dans un désert que j’ai choisi Où j’ai un mal chronique Dans le potentiel perdu Mais pourtant je reste Pour faire la martyre-patriote J’ai peur que si j’arrête d’en témoigner Mon royaume va cesser d’exister |
À proposJe suis Céleste Godin Ici sont mes idées, des pensées pas rapport et du random junk. C'est kind of intéressant, hopefully. Note sur la langue utilisée:
Ce blog n'a pas honte d'utiliser des mots anglais ni d'inventer des mots. Afin d'alléger le texte, le genre féminin est utilisé. Le masculin est inclus lorsque le contexte l'indique. Le stuff que t'as manqué
January 2021
Les modes de stuff
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