Fuck. Fuck you. Fuck you Évangéline. Fuck you Évangéline. fuck you parce que tu es le fantasme romantique d’un homme américain il t’a éjaculé sur toute la forest primeval tu es notre sex symbol tu es une vierge épurée qui cherche un homme au lieu de se chercher elle-même Fuck you Évangéline. fuck you parce que tu es devenue le shorthand de ma whole culture tu es le fast food de l’Acadie à chaque coin de rue on vend ta tragédie mais tu nourris pas vraiment tu nous rends obèses de clichés Fuck you Évangéline. fuck you parce que la morale de ton histoire ne me sert à rien apparemment chercher un homme dans le chaud et le froid va faire une femme de moi ta vie ne passerait pas le Beschdel test es-tu même une féministe? Fuck you Évangéline. fuck you parce que Pélagie te kickerait le cul for sure si y’avait une fight dans un bras son peuple, dans l’autre la charrette, elle te taperait right dans les amourettes pis elle continuerait vers la patrie pendant que toi tu chase Gabriel forever Fuck you Évangéline. fuck you parce qu’aucune vraie femme acadienne ne s’est méritée une statue aucune de nos persévérances a été bronzée en permanence les gens qui connaissent ton nom pensent qu’ils connaissent ma vie Fuck you Évangéline. fuck you parce que j’ai le même frisson que tout le monde quand ton chum crève en chanson mais un frisson, ce n’est pas une identité pas plus qu’une émotion c’est une nationalité thank god qu’Angèle m’avait averti que t’es juste un bumper sticker Fuck you Évangéline. fuck you parce que je veux still un costume inspiré de celui inspiré du tien pour qu’on voit mon Acadie v’nir from a mile away qu’en me voyant, le peuple se réveille no matter what, tu seras toujours plus iconique que je pourrai ever l’être FUCK YOU, Évangéline! Fuck you. Fuck.
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Bienvenue aux badlands de l’Acadie, Dans les déserts de nos îles Des presqu’îles, du presque pays La diaspora oubliée Abandonnés ici il y a longtemps Peuples sculptés par l'érosion Des centaines d’années à être seuls Et pourtant on respire encore Ici, c’est l’Acadie des autres L’ Acadie des méconnus L’Acadie des mal-aimés L’Acadie des mal-compris Ici on a tous des accents étranges À force de seulement se parler entre nous On nous dit qu’on sonne comme des anglais Par des gens qui nous sonnent comme des québécois Ici, on ne les a pas lus vos livres Y’a pas place à les acheter On ne connait pas plus les artistes de la grande Acadie Qu’elle connaît les nôtres Ici on ne parle pas le chiac C’est pas cinquante-cinquante On ne conjuge plus nos verbes J’ai park ma bike, j’ai cross la street Ici on s’en fuck des services offerts Parce qu’il faudrait parler à des étrangers Et publiquement admettre Qu’on ne sait pas dire “plaque d’immatriculation” Ici chaque mot de français dit en public Est une révolution ouverte Et nous rend récipiendaires De confusion et de honte mal cachée Ici, on n’a pas eu de 68 Pas de sit-in à l’université Pas de révolution dans les rues On en aura probablement jamais Ici nos écoles nous ont coûté cher On a payé le prix jusqu’à dans nos familles Frère contre soeur, ami contre voisin En se battant contre notre propre ignorance Ici, dire quelque chose Dans une langue qui devrait être la notre C’est se faire brûler au bucher Sans jamais devenir un saint Ici, parler en français à ses amis C’est se prendre pour un autre C’est oser rentrer ses desseins politiques Dans la sphère du social Ici l’anglais, c’est pas l’ennemi, C’est notre famille et notre vie On ne sait plus comment vivre notre langue Sans cracher sur ceux qu’on aime Ici nos écoles sont pseudo-francophones On y vante nos notes en anglais Alors que nos corridors sont infectés De faiblesses et de déception Ici on se croit complètement seuls
Uniques au monde à vivre nos malheurs On a inventé l’assimilation On a inventé le désengagement Ici on est encore des déportés Jamais vraiment remis de l’événement Notre renaissance Acadienne N’arrivera peut-être jamais Ici, on a les voix rauques À force de crier qu’on est là nous aussi Que les badlands identitaires Pourraient faire partie du pays What the hell que je fais ici Toute seule dans un désert que j’ai choisi Où j’ai un mal chronique Dans le potentiel perdu Mais pourtant je reste Pour faire la martyre-patriote J’ai peur que si j’arrête d’en témoigner Mon royaume va cesser d’exister Des fois, des révolutions commencent dans la rue, avec des manifestants, des pancartes, et de la rage. Des fois des révolutions commencent dans un garage psychédélique, avec des guitares, des chansons et des micros. Cette fin de semaine, j'ai été voir la deuxième sorte. Le Tide school (studio B) a été hôte d'un show avec Dan Gaudet + amis, Quiet Parade, Rain Over St Ambrose, et Arthur Comeau . Tous les artistes viennent du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, ils ont tous des liens à l'Acadie, ça se vit ça se sent, mais personne a besoin de le dire constamment. Mélange de Par-en-haut et de Par-en-bas, comme ça devrait l'être. Voici la groovy soirée en images: Toutes photos Céleste Godin 2015
Ah Moncton. Petite ville nommée après un génocidaire anglais. Royaume du Mascaret et la Pumphouse aux bleuets. Chais que des fois, j’te donne du tough love, mais aujourd’hui, laisse-moi juste te couvir d’amour, ok? Aller chez toi, c’est comme plonger dans un autre univers que le mien. On est entourée de français, on le lit, on l’entend, on le rit, on le sent. Je sais que tu vas tout de suite me dire que tout est en menace, et qu’on doit être sur les gardes à tout moment, mais moi je ne peux m’empêcher de t’admirer. Quand tu te regardes dans le miroir, tu ne vois que le défauts, les rides, les cicatrices, les imperfections. Moi, quand je te regarde, c’est ta luminescence et ton sourire que je vois. Chez toi, on peut commander son sandwich en français au Tim Horton’s. Chez toi, les francophones, quoique pas toujours accueillis à bras ouverts, ne sont pas des créatures exotiques qui surprennent par leur simple existence ceux qui les entendent parler. Chez toi, on peut aller voir des films en français régulièrement. Chez toi, les bonnes serveuses parlent le français, l’anglais et le chiac interchangablement. Chez toi, la menace d’assimilation est moins immédiate et je peux respirer. Chez toi, on peut carrément ne pas apprendre l’anglais si on le veut vraiment. Chez toi, on peut être professeur, activiste, chauffeur, architecte, avocat, artiste ou agent de centre d’appel, entièrement en français. Et tu es célèbre, sans vraiment le savoir. Tes rues sont chantées par des artistes. Ton centre culturel est légendaire. Ton parler est si connu les québécois le connaissent de nom, et l'utilisent comme référent lorsqu’ils s’auto-analysent. Chez toi, on me comprend quand je parle de l’Acadie. Je n’ai pas besoin de commencer mes réflexions en expliquant l’histoire Acadienne depuis 1604 pour que tu en comprennes le contexte. Chez toi, les gens comprennent mes référents culturels quand je leur parle. La musique de mon enfance et de mon présent leur est familière aussi. Et quand on parle d’Acadie chez toi, et que je me sens oubliée de ma perspective haligéenne, je dois constamment te rappeler que je suis là aussi. Comme un garçon qui m’ignore juste assez pour me garder intéressée, tu me garde dans ton entourage, cherchant constamment ton attention et ton approbation. Tu es en dualité constante. Tu es aux prises entre deux langues dans un débat éternel et une négociation sans fin. Tes édifices sont abominablement laids et tes maisons sont d’un charme infini. Tes habitants sont à la fois des intellectuels du plus haut rang, et du monde qui ne lit jamais des livres. Tout ça est pèle-mèle dans des rues diagonales, avec des maisons dans des stationnements, le cauchemar vivant des urbanistes et des friands de logique. Mais ce chaos constant fait que n'importe quoi peut arriver parce que who knows qui tu vas croiser quand tu sors prendre une drink. Une grande partie de ta magie vient du fait que tu est hantée par deux fantômes qui te poussent constamment à continuer sur le bon chemin. Le fantôme de la Patente pousse tes leaders à exiger que les Acadiens aient leur juste place dans les espaces décisionnels. C’est ce qui pousse les francophones à rester organisés et vigilants. C’est ce qui fait que les gens se battent pour avoir des institutions crédibles, des lois qui les protègent, et qu’on leur accorde leur juste part des choses. L’autre fantôme, et celui qui me colle à la peau quand je suis chez toi, c’est l’esprit du Kacho. C’est ce spectre qui est là quand les artistes défoncent les limites qu’on s’imagine autour de la culture acadienne. Quand on s’organise des moments underground, osés ou absurdes, c’est lui qui nous chuchote à l’oreille d’aller plus loin, d’être plus weird. C’est grâce à lui qu’on rejette le mainstream Acadien pour créer quelque chose qui nous ressemble vraiment. Quand j’ai envie de communier dans un monde d’idées, d’imagination et d’Acadie, le fantôme du Kacho me prend par la main et me guide vers les bonnes personnes et je ne suis plus seule. Et parfois, dans des moments de génie, les deux esprits se croisent et tu nous éblouis. Quand la Patente croise le Kacho, ça donne le projet de ré-occupation de la Cathédrale de Moncton. Ça donne Acadie Rock. Ça donne de l’espoir. Et loin d’être un paradis où on a tellement de bonheur et peu de soucis qu’on devient paresseux, tu as une menace tangible en pleine face. Entre les Maires xénophobes et tes anti-bilinguistes, tu ne peux jamais complètement te reposer. Mais comme les retraités qui découvrent que ils ne sont heureux que quand ils peuvent se rendre utiles en quelque part, tu n’es jamais aussi vivante que quand tous tes salons sont remplis d’outrage et de sessions de stratégie. Tu est belle quand tu est fâchée. Et moi je t’aime. Je t’aime même trop pour être vraiment avec toi. Je sais que si me donnerais à toi que notre relation consommerait toute ma vie. Je m’embourberais dans ton monde, tes réseaux, ta vie, et je n’aurais jamais la force pour te quitter. Et on a besoin de moi ici. Moi j’ai besoin de moi ici. Donc je me contente de faire de toi ma maîtresse. Notre amour peut être absolu dans nos moments ensembles, mais éventuellement je dois retourner à la maison. Quand je n’en peux plus de me sentir seule, c’est dans tes bras que je veux me trouver. Quand je me sens trop découragée dans une Acadie passéiste, c’est toi que j'appelle pour que tu me parle de plans d’avenir. Quand je parle du pays de mon Acadie à moi, c’est toi qui en est la capitale. Ta place dans mon coeur t’y est réservée à vie. Moi je ferai l’effort de te voir plus souvent si tu me promets de me garder une invitation ouverte. J’ai besoin de toi, et je pense que tu as un peu besoin de moi aussi... (photos Céleste Godin 2015)
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À proposJe suis Céleste Godin Ici sont mes idées, des pensées pas rapport et du random junk. C'est kind of intéressant, hopefully. Note sur la langue utilisée:
Ce blog n'a pas honte d'utiliser des mots anglais ni d'inventer des mots. Afin d'alléger le texte, le genre féminin est utilisé. Le masculin est inclus lorsque le contexte l'indique. Le stuff que t'as manqué
January 2021
Les modes de stuff
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