Ma première journée de visibilité trans en tant que personne non-binaire out était en 2021. On était encore en confinement, or at least encore pretty isolés et le monde était encore somewhat en pause. Maon bestie-complice-chat préféré Xavier Gould et moi on a décidé d'aller pour une petite aventure. Pour passer du temps ensemble, et pour avoir quelque chose à faire. On allait aller au magasin Gifts Galore sur la rue Main à Moncton et s'amuser à dépenser 20$ là-dedans. Dans les temps difficiles, on peut toujours trouver un peu de joie en regardant des objets. Une des particularités du Gifts Galore, c'est que la façade du magasin est rose. Ben rose. Ça aurait pu s’appeler Pepto Galore. Naturellement, je me suis habillé.e pour matcher. J'ai mis un velvet tracksuit rose qui avait un top cropé. En me regardant dans le mirroir j'ai commencé à rigoler. J'avais pas pas l'air d'une bubble gum. J’ai ajouté des sneakers et des shades couleur lavande, et j’ai mis mon masque en faux fur pastel multicolore. C’était ma première visibility day, j’allais puller all the stops. Une des choses qui font partie du look évolutif à Xave, c'est que ses cheveux sont toujours en état de flux. Ça reste pas pareil pour plus que 2 mois. Court, long, pigtails, mullet, shavé, tout est possible and somehow ça quasiment toujours l'air amazing. À ce moment précis là, iel avait les cheveux bleachés jaune pâle, courts mais still long assez pour que ses curls soient sorties et forment un halo autour de sa tête. Iel avait full-on l'air du soleil. Un soleil dans une t-shirt pink. So Bubblegum et Soleil décollent à pied pour aller regarder des tacky bébelles et investir 40$ dans l'économie locale. On arrête au Subway se pogner des sandwichs, pis on continue vers notre destination avec allégresse. Il faisait beau, on était de bonne humeur. J'avais ma limonade dans une main, et la main de Xavier dans l'autre, et on skippait tranquillement sur le trottoir avec joie. Arrivés sur la Alma, on décide que le parc devant le Aberdeen est la place parfaite pour manger nos ti lunchs. On fait un u-turn pis on va s'installer à l' une des tables dans le parc aux aiguilles. Tout va bien, on est de bonne humeur. Pendant qu'on mange nos sandwich, je remarque qu'un char de police se park à côté de nous. Je regarde le cop, qui me regarde back. Weird. Je regarde back et il me regarde encore. Il sort de son véhicule et il me regarde still. Je dis à Xavier que je pense qu'il vient pour nous. Un deuxième char de police park devant le premier. Les agents viennent directement pour nous. J'me dis que maybe on a pas le droit de manger sur les tables de picnic à cause des règles sanitaires encore en cours, or something like that. Ça changeait souvent dans ces temps-là, pis j’avais pas récemment checké les procédures de picnic. Ça arrive. Les agents nous demandent si ça fait longtemps qu'on est là. Juste une dizaine de minutes, on leur dit, on vient d'arriver de par là bas. Ils nous demandent si on a eu une confrontation avec un char. La question me surprend, parce que Bubble gum et Soleil qui skippent down la rue c'est l'affaire la moins confrontationnelle que je peux imaginer. Et anyways on était en train d'avoir un *moment*, so j'ai literally pas remarqué any char de la journée. C’est sur qu’on avait l'air très visibles, it’s our day of that. Pis any time que je porte un crop top sur les rues de Moncton I get looks and the occasion drive by fatphobic yelling, pis Xavier gets verbally hate crimed on the sidewalk too, so quand on est dans des outfits de même, we tune out the rest of the world I guess. So j'ai dit nope, definitely didn't have an exchange avec some car driver. Pis la le cop dit dequoi qui me flabbergast encore to this day: il dit que la raison qu'ils sont là c'est qu'il ont eu une 911 call about quelqu'un qui se promenait avec un gun. Un gun rose. Pis que je match la description. J'éclate de rire. Quand je me remets du QUARDON de la situation, je m'excuse de rire. Mais I mean come on man, je suis en train d'avoir l'apres midi le plus innocent de ma vie pis là je me fais investigater pour être une menace à la société. Je dis que si la description qu'ils ont sounds like me, well y'a personne d'autre around dans un pink tracksuit, so la personne qui a appelé devait parler de moi. Ils n’ont pas demandé de me searché mais je leur ai volontairement montré ma limonade, et j'ai ouvert ma purse pour leur montrer qu'elle contenait un paquet de smokes et mon téléphone, qui à l'époque avait une phone case en fausse fourrure de couleur lavande pour matcher mes sneakers et mes shades. Deux autres chars de police se stationnent à côté. Pis like, I get it. Y'a eu une grave situation de firearms à Moncton en 2014. Y'a eu la tuerie massive en Nouvelle-Écosse en 2020. Des plaintes de gens armés qui se promènent dans la rue, on prend ça au sérieux. Send in your backup vehicles, ces situations peuvent virer insane très rapidement. Mais en même temps je skippais avec mon amix et ma limonade looking like a bubblegum et y'a 4 cops cars (so far) qui sont dans ma face. So je me lève deboutte. Pis je dis garde, sorry de rigoler mais j'ai tu l'air d'une menace? Un outfit c'est pas une défense légale, mais regardez-moi bien. Visiblement, j’ai vraiment pas l'air du type à me promener avec un gun dans la rue., même si dans lasituation hypothétique où j'en avais un, clearly il matcherait en effet mon outfit. Je vois que les cops commencent à relaxer pis que ils voient bien qu'on est juste Bubblegum et Soleil, et non pas les prochains Murderers qu'ils auront à dealer avec. So je dis que je sais pas ce qui s'est passé pour que quelqu'un vous appelle à propos de nous. Peut être qu'ils ont imaginé d'avoir vu dequoi et ont préféré être safe. Mais ce qui me semble plus likely, c'est que quelqu'un a décidé qu'on avait l'air trop gais dans la rue pis voulait faire dequoi about it. Aussitôt que je mentionne que le fait qu'on avait l'air trop visiblement libres dans notre queerness, les 4 cops qui sont là se crispent. Ils savent que j'ai raison. They don't really want to go there. Ils concluent donc que c'est une fausse alerte et utilisent leur radio pour arrêter d'autres cars de venir se stationner eux itou. Ils prennent mon nom et mon numéro pour leur rapport, et s'en vont back vers leurs autos. Xavier et moi on est comme stunned là pour un bon moment. On arrête pas de se demander à l'un l'autre si ça vient vraiment de se passer. It really did. Éventuellement, on arrive à se lever et se rendre aux gifts galore dans un état de choc qui rend ça un peu difficile de viber avec le chatty propio et tous les objets quétaines de la planète. Je choisis une bouteille pleine de sable, Xavier choisit la purse la plus laide de l'univers qui fait pétiller ses yeux bleus parce que les vêtements en "ew" ça lui donne du lifeforce. On prend une couple de photos pis on retourne chez nous, encore stupéfaits de cette aventure. Et c'est ça l'histoire de ma première journée de visibilité trans. Quelques pensées sur cette aventure: 1. D'abord je reconnais mon énorme privilège en tant que personne blanche dans cette situation. D'abord, les polices sont venues vers moi les mains vides, et ont décidé de me poser des questions avant de procéder à autre chose. Ensuite, je me sentais tellement pas que ma vie était en danger par eux que j'ai littéralement rit dans leur face quand ils m'ont dit qu'ils enquêtent un weapons complaint pour quelqu'un qui match ma description. C'est sur que le fait qu'on était dans le parc du Aberdeen, une bâtisse pleine de gens respectables qui peuvent voucher que je suis un.e bon.ne citoyan, m’a donné un plus grand sentiment de sécurité que si j'aurais été ailleurs en ville. Mais on peut facilement imaginer à quel point cette situation aurait été différente si j'étais noir.e, ou brun.e, ou j'avais un look goth, ou même si j'avais l'air d'une personne pauvre ou sans-abri. Y'ont même pas demandé de voir ma pièce d'identification. Ou même si j'étais plus visible, et qu'ils m'avaient clocké comme une personne trans. C'est d'ailleurs pour cette raison là que je préfère garder F sur mon ID pluto que d'Avoir mon genre comme étant X. Le monde qui check des ID sont les dernières personnes que je veux informer de mon gender non-conformisme. Je respecte absolument le choix des gens qui veulent afficher leur X sur leurs documents légaux, et que ces documents officiels peuvent être une affirmation de leur identité de genre. Pour moi, le fait que les gens me perçoivent largement comme étant une madame me donne le privilège de choisir qui est informé de mon identité du genre, et je me sens plus safe et en contrôle comme ça. 2. C'était ma première journée de visibilité trans et ce que j'ai vécu m'a appris que ma visibilité est une menace pour le monde. C'est pas joyeux, c'est pas l'entièreté de mon expérience, mais c'est une partie de la réalité. Les personnes trans subissent toutes sortes de violences et de difficultés dans la société, et pour chaque avancée légale, il y a des reculs ailleurs. Si vous lisez ceci vous êtes surement au courant de tout ce qui se passe là dessus. Mon expérience de découverte et de coming out comme personne non-binaire a été très chill, j'ai une tonne de privilèeges là aussi. C'est important de se rappeler des autres parties de l'expérience trans aussi. Être visibles nous affirme, mais nous met aussi à risque. C’est une des raisons que cette journée existe in the first place. 3. Je ne sais pas ce qui s'est passé pour qu'une personne qui conduisait au centre-ville me voit et appelle le 911. Je soupçonne que y'avait des motifs trans/homophobes, mais à ce moment-là de la pandémie, on était isolés depuis un an, et on était à peak méfiance des autres. Personnellement je faisais des panic attacks si les gens étaient trop près de moi à l'épicerie, so je get que beaucoup de gens étaient pas bien non plus. So peut-être que cette personne a mal vu dequoi, ont eu un moment paranoïaque et ont préféré être safe en appelant la police tout de suite. Si c'est le cas, on a été chanceux que tout s'est bien déroulé avec les policiers, et j'espère que cette personne se sent mieux ces jours-ci. Moi ça va beaucoup mieux, en tout cas. 4. Bien que j'ai le privilège de ne pas être immédiatement identifiable comme étant trans, je suis extrêmement identifiable comme une personne grosse. Cette visibilité-là me fait vivre des expériences grossophobes plus ou moins constamment, que ce soit les gens qui me starent quand je marche dans la rue, ou qui me crient "fat bitch" de la fenêtre de leurs chars, ou tous les magasins qui vendent rien dans ma size, ou quelqu'un qui me dit que je suis en mauvaise santé sans me connaître. Je vis dans un corps marginalisé and I can feel it. So si je porte des crops tops parce que c'est comfy et breezy et à la mode, mais je le fais aussi parce que c'est un statement politique. Être joyeux et ne pas avoir honte d'être dans le type de corps duquel tout le monde qui essaient de perdre du poids ont peur d'avoir, c'est révolutionnaire. Cette marginalisation d'être dans un fat body intersecte aussi avec ma non-binarité. Je ne dépacterai pas tout ça aujourd'hui mais la désexualisation des gros corps a énormément affecté comment la société perçoit ma féminité. So c'est absolument possible que mon skippage libre dans un outfit qui cache fuckall mon corps, qui représente pour énormément de gens "l'épidémie d'obésité", est assez pour fâcher quelqu'un au point qu'ils appellent la police. People love to hate fat people. 5. Funnily enough ce matin j'ai été avec un ami ramasser un orgue à dieppe, pis on s'est fait puller over par une police pour excès de vitesse. Ma first réaction était "Is this a tradition or something?". Because faut en rire sinon it's too dark. C'est la raison pour laquelle j'ai des earrings de petits guns roses, que je m'en vais mettre, avec mon tracksuit rose, en célébration de cette journée de visibilité. Bonne journée de tranzy vizzy à toustes.
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Des fois faut retourner en arrière pour aller en avant (insérer ici une autre phrase plus cool et moins clichée si possible). Tsé quand t’es rendu au point de la pandémie où tu dust off ton vieux blog pis tu décides de jouer avec? Yeah, welcome to here.
Honestly, desfois je perds ma connection avec écrire. Like, ça senble comme une huge deal de devoir manifester l’énergie pour diver deep, et là trouver le contexte dans lequel ton morceau d’écriture fit, ou encore pire, essayer de prendre ton envie de typer des ti mots (trouver une façon plus poétique de décrire d’écrire), pis tu essaye de la faire fitter dans whatever projet que tu travaillais déjà dessus? C'est comme si j’ai peur que j’va passer mon temps à écrire quelque chose pour rien. Si ce n’est pas destiné à un output spécifique, peut-être que personne ne le lira, et que ça restera pris dans les bits de mes appareils en plastique. Si personne le lit, l’as-tu même ever écrit in the first place? (oui) Avant, j’écrivais ici ce qui ne fittait pas ailleurs. J'ai passé à travers d’autres phases depuis, avec d'autres places à outputter, avec d'autres lectorats, avec d’autres médiums. Mais lately je suis nostalgique pour le temps ou j’étais une blogger. Free d’écrire absolument n’importe quoi dans n’importe format. Free de rien dire. Free du nombre de mots et du sujet. Free de juste yeller into the void. (mettre une dernière phrase qui invoque une liberté inspirante qui va donner envie au gens de lire le prochain post si je me mets actually à blogger régulièrement) So voilà. Me voilà. Me voici? Who cares. The blog is back for now. C'est tu vintage de starter back à blogger à cette époque-ci? On va dire que oui. God j'mennuie de l'Internet. Je sais pu comment hyperlinker à du cool stuff. J'ai hâte de découvrir back. J’promets rien, sauf que ça sera probablement kind of intéressant. (trouver une fin plus punchy) Je rêve encore parfois À notre terre promise À la nation qu’on aurait fondé Au peuple qu’on aurait inspiré Je l’avais cru Ce rêve du jeune âge: Que se comprendre, c’était s’aimer Que l’identité, c’était l’intimité On en a valsé une de trop Sur la frontière de notre naïveté Le territoire est devenu flou Malgré tous nos traités Je t’ai offert mon allégeance Tu m’as déclaré ta neutralité En te tournant vers d’autre colonies Pour ne pas voir notre village brûler Marchant noblement vers la grève Dans ton chaos et ma confusion J’ai tenté de monter une résistance Avant de me blottir dans une cale Étourdie dans des terres inconnues Je t’ai trop longtemps cherché Ma quête ne mènera pas à toi Je ne mourrai pas dans tes bras Parfois, je commémore encore La diaspora que tu as mis entre nous Assise dans le parc de nos souvenirs Je suis la seule pleureure L’exil a ses richesses: Ma grande déception Et ton manque de dérangement Inspireront plus qu’un seul poème Je n’oublierai pas notre histoire Il faut avoir beaucoup aimé Pour trouver la force de dire Je te pardonne
Y'a des journées qui sont difficiles pour l'espoir. Des fois, faut juste tuner out. Voici une bunch de random affaires trouvées sur le web. Oh Internet, guérisseur de tous les maux.
1. Du stuff qui fitte dans des weird places.
2. Métronomes hypnotisants
Si tu te sens out of sync avec l'univers, chill out en watchant des métronomes se syncher entre eux.
3. Lightbulb infinie
Si le monde peut paraître sombre, trouvons du confort dans le fait qu'il y a une ampoule qui brille continuellement depuis 116 ans, et qu'on peut la regarder en tout temps sur sa webcam.
4. The nicest place on the internet
Viens te réfugier dans les bras virtuel d'un étranger qui a huggé son ordi, à la place la plus gentille sur l'Internet. Si tu te sens assez plein d'amour, tu peux redonner un hug à un étranger.
5. Contes de fée
Tant qu'à vivre dans un monde de fous, pourquoi pas carrément se le ré-inventer par contes? Voici un infographique avec des contes d'un peu partout sur la planète.
6. Pays rectangulaire
Thank god pour le genre de nerd qui prendrait le temps de faire une liste des pays les plus rectangulaires. Thank god que l'Internet nous permet de trouver ça.
7. En cas de désespoir
Si t'es pas capable de garder de l'espoir, il est peut-être temps de commencer à construire des montagnes russes où la mort est garantie. Might as well finir ça de la façon la plus joyeuse possible, I guess. j’ai cru au mythe de l’acadie traditionnelle
j’ai trahi mon peuple dans l’acadie infidèle j’ai été figée comme l’acadie dysfonctionnelle je porte les cicatrices de l’acadie qui se flagelle je me suis enfermée dans l’acadie institutionnelle j’ai braillé à genoux dans l’acadie dévotionnelle je me suis excommuniée de l’acadie spirituelle j’ai senti le froid de l’acadie trop peu sensuelle j’ai été machiavélique comme l’acadie cruelle j’ai hurlé ma rage dans l’acadie rebelle j’ai effleuré l’acadie fragile comme de la dentelle j’ai passé les portails de l’acadie pan-dimensionnelle j’ai rêvé à l’envers dans l’acadie surréelle j’ai rôdaillé dans l’acadie des ruelles j’ai disséqué les acadies avec mon scalpel j’ai tenté de comprendre l’acadie irrationnelle j’ai coupé les cordes de l’acadie polichinelle j’ai phoenixé dans l’acadie qui se renouvelle Ma mère est une femme qui m’a rencontrée 17 jours après ma naissance. C’est le hasard qui nous a mis ensembles. Moi, un bébé nouveau-né qui a été donné à une agence d’adoption, et elle une femme qui voulait être une maman. On était toutes les deux dans le système par espoir d’un meilleur avenir, et de se trouver une famille. On aurait pu finir avec d’autres personnes, mais c’est la chance qui nous a mis ensemble. Les gens nous font souvent la remarque qu’ils sont surpris que c’est ma mère, puisqu’on ne se ressemble pas du tout. C’est évident qu’on n’a pas le même sang dans nos veines. Mais malgré le fait que j’ai toujours su que j’étais une enfant adoptée, elle ne m’a jamais pour une seconde fait sentir que j’étais moins une membre de la famille que qui que ce soit. Je reçois toujours un message d’elle quelques semaines après ma fête pour me souhaiter bonne fête d’adoption, parce que c’est ce jour-là qu’on s’est connues, et qu’elle est devenue une mère. Je parle souvent du rôle qu’elle a joué dans mon développement linguistique et identitaire. Elle m’a brainwashée à l’Acadie et au français de façon intensive et persistante depuis le début. Ne s’arrêtant pas à simplement me dire qu’il fallait être fière, elle m’a exposé à toutes sortes de choses qui ont fait de moi qui je suis aujourd’hui. Elle m’a raconté l’histoire de notre peuple et m’a apporté à Grand-pré pour que je sache d’où on vient. Elle m’a apporté au premier Congrès Mondial Acadien pour que je sache que l’Acadie est plus grande que juste nous. Elle m’a apporté en France et au Québec pour que je vois qu’il y a des endroits où le français se vit pleinement. Elle m’a entourée de musique et de livres en français pour que je m'approprie ma propre culture, allant jusqu’à me laisser écouter du Angèle Arsenault très tôt le matin à des volumes déraisonnables. Elle m’a traînée à des assemblées annuelles et m’a laissé écouter le potinage sur le réseau associatif pour que je comprenne que notre communauté fonctionne sur l’engagement de ses membres. Venant d’une famille de maniaques pour l’Acadie et ce qu’on appelle chez nous tout simplement “la cause”, elle m’a transmis ces valeurs pour que je puisse moi aussi être une patriote engagée. Si ça peut sembler quétaine au plus haut degré de dire des belles choses sur sa mère pour Noël, c’est important de dire que ça n’a pas toujours été facile. Je n’étais pas une enfant très relaxante, et elle n’était pas une mère très relaxée. Je pense que c’est juste de dire que c’était assez déplaisant pour nous deux pour un bon boutte, culminant dans mon choix de vivre mes années du secondaire chez mon père. Ces quelques kilomètres sur quelques années ont eu l’effet de nous donner l’espace nécessaire pour respirer, et de réajuster notre dynamique. Si c’était surement difficile pour elle de se retrouver seule, c’est probablement cette pause qui nous a permis de mieux se comprendre, et d’être en bonne relation aujourd’hui. Je ne sais pas ce qu’elle envisageait pour mon avenir lorsque j’étais petite, mais je doute qu’elle savait qu’à 31 ans je serais une artiste perpétuellement broke qui est encore en train de chercher son chemin. Surement, ça n’a pas été facile pour elle d’encaisser la déception qui vient avec mes moments moins glorieux: mes deux tentatives de baccalauréats qui ont fini en catastrophe, le boutte où je perdais ma langue, mon accumulation progressive de tatouages, ma relation à long terme avec la cigarette, et surement d’autres choses qui tracassent les mères tard la nuit. Mais elle m’accepte malgré mes défauts, et ne me les reproche (presque) pas. Les dernières quelques années de ma vie ont été particulièrement turbulentes. Éjectée du monde communautaire dans lequel j’avais fait ma vie, je me suis trouvée dans un espèce de néant à chercher ce que je voulais faire de ma vie. Elle a été là pour moi, et m’a appuyée dans mes expérimentations qui m’ont permis, éventuellement, de me déclarer une artiste. Elle m’a donné des ordinateurs pour que je puisse écrire et faire des vidéos, une caméra pour que je puisse faire de la photo, elle m’a aidé à monter mon exposition de poésie, elle m’a aidé à faire les décors pour mon film. Elle a même accroché le poster d’un de mes poèmes dans sa cuisine, malgré le fait qu’elle le trouve franchement un peu trop vulgaire. Elle fait bien plus que ça, bien sur, mais pour moi, ce qui compte le plus, c’est qu’elle ait accepté que je ne vivrai probablement jamais une vie normale, et qu’elle m’appuie dans mes folies qui ne finiront pas de sitôt. Cette lettre est beaucoup plus sentimentale que je le suis d’habitude avec ma mère. Je ne lui donne pas beaucoup de hugs. Je ne lui dit pas souvent que je l’aime. Mais aujourd’hui, maman, je te dis merci.
Merci pour m’avoir enseigné à 8 ans que plus un fromage pue, plus il est bon. Merci d’avoir fait ma robe de prom. Merci d’avoir traité toutes mes peintures médiocres comme si elles étaient des chefs d’oeuvre. Merci de m’avoir laissé trouver mon fashion sense au Frenchy’s et pas au mall. Merci de m’avoir apporté au cimetière le lendemain de Noël l’année passée. Merci de ne pas me reprocher que je ne te ferai pas des petits-enfants. Merci d’avoir gardé les cendres de mon chat d’enfance pour les derniers 15 ans. Merci d’écouter les histoires que je te raconte et d’en paraître intéressée. Merci d’avoir sauvé mon père de l’assimilation. Merci pour toutes les chaussettes bizarres que dont tu m’as fait cadeau au fil des ans. Merci d’avoir orchestré l’ouverture d’une école française l’année où j’ai commencé la maternelle. Merci d’avoir écouté les mêmes 3 cassettes à répétition pour des années. Merci de venir à mes trucs. Merci de m’avoir adoptée, et de continuer de m'adopter. Merci de m’aimer, et de m’aimer pareil. Merci d’être ma mère. C’est tu trop quétaine si je dis que Acadie Rock m’a sauvé la vie? Je suis arrivée à Moncton en catastrophe au début juillet. Fuyant la marée montante de mon assimilation avant de m’y noyer, je suis venue me sauver dans la capitale contre-culturelle de l’Acadie, question de me remplir les poumons d’air français et le toucher à ma culture de mes propres mains. C’était rough pareil. Parce que j’avais mal à mes Badlands. Parce que j’étais overwhelmed du contact constant avec mon peuple. Parce que si j’ai toujours été “l’Acadienne de Halifax”, then who the hell que j’étais astheure, “Une Acadienne parmi d’autres à Moncton”? Parce que cette crise existentielle shakeait mon âme plus que les centaines qui l’ont précédée. C’est au début de ma deuxième semaine que vous m’avez appelé pour m’offrir de participer à la Soirée poésie Gérald LeBlanc dans le cadre d’Acadie Rock. Thank god. J’ai quitté ma Nouvelle-Écosse adorée sous la prétention de pouvoir faire de l’art en français et me voilà, à quelques jours de mon arrivée, avec l’invitation de faire justement ça dans les mains. God knows ce que j’aurais fait de tous les sentiments que j’ai vécu ces premières semaines-là si je n’avais pas eu cette performance envers laquelle les canaliser. Sans tomber dans le cliché de l’art comme outil de santé mentale, j’peux pas nier que Acadie Rock m’a donné une prescription d’espoir quand j’en avais le plus besoin. Merci de m’avoir laissé dire mes affaires, devant un public qui mériterait un prix pour son attentivité malgré le hangover général qui est le trademark des 16 aoûts. Merci de me laisser faire ma thérapie culturelle sur l’autel du Temple Aberdeen, protégée par les esprits de tous ceux qui y sont passés avant moi. Merci de m’avoir mis juste après Gabriel Robichaud et son Manifeste Diasporeux, parce qu’un yang n’est rien sans son ying. Merci de n’avoir eu que de l’amour et de la compassion pour moi, malgré ma façon agressive et accusatrice de dépacter mon bagage émotif. Merci de m’avoir laissée être moi. C’était clair depuis le début qu'Acadie Rock allait être une étape importante de mon rehab linguistique, même avant que vous me tendiez la main pour me sortir personnellement de mon néant identitaire. Acadie Rock a toujours été “mon” festival acadien depuis son lancement, même si j’ai manqué les 4 premières éditions, ayant d’autres missions à accomplir ces 15 aoûts-là. Savoir que ce festival existait et célébrait le genre d’Acadie à laquelle j'appartiens était important pour moi.
Ce qui fait la magie d’Acadie Rock, c’est que ce n’est pas la célébration de l’Acadie de Moncton. Ce n’est pas faire les choses telles qu’elles ont déjà été faites. C’est créer des moments qui marquent, et célébrer le fait qu’on est en train de les vivre ensemble. C’est cette célébration de chaque moment vécu en collectivité qui fait qu’on fête l’Acadie autant dans un show d’humour que dans un tintamarre. Que nos icones sont autant Klo Pelgag en outfit de fruits que les Hôtesses d’Hilaire en costumes britanniques waveant un énorme drapeau acadien. Merci d’avoir organisé le festival que j’avais besoin de vivre. Merci de me faire entendre les artistes que j’ai admiré de trop loin, et de me mettre en pleine face ceux que j’avais besoin de découvrir. Merci de m’avoir donné une semaine spirituelle avec ma congrégation au temple Aberdeen. Merci d’inviter des médias d’ici et d’ailleurs afin qu’ils puissent être missionnaires de cette nouvelle vision de l’Acadie. Merci de m’avoir laissé grimper sur le toit du monde sans me demander de redescendre trop vite. Merci de me faire vivre Moncton à son meilleur. Merci de me donner ces heures magiques entre couche-tard. Merci de me laisser me saturer de tout ça. J’ai besoin d’Acadie Rock. Nous avons besoin d’Acadie Rock. L’Acadie a besoin d’Acadie Rock. Parce que c’est plus qu’un festival. Parce que c’est plus qu’une thérapie culturelle collective. Parce que c’est plus que la réincarnation de l’esprit du Kacho. Parce que c’est plus que la preuve vivante que la culture acadienne est tout sauf statique. Parce que ça sauve des vies. Parce que ça a sauvé la mienne. Merci, Acadie Rock. Merci.
Note de l'auteure: J'ai été un peu nutso avec les GIFS... c'est la faute à Patate...
Ahhh Patate. Quand je t'ai rencontrée, on m'a dit que tu t'appelais Maya. Mais des fois, les nicknames sont instantanés et il ne faut pas les questionner. C'est pour ça qu'on a des amis qui s'appellent Grizzly, Pinky, ou Spacerabbit. En posant mon regard sur toi cette première fois-là, il n'y a qu'un mot qui m'est venu à l'esprit: Patate.
Presques identiques, right?
Et comme tous les vrais amours, tu m'as ruinée. J'étais la tough, la rock-and-roller, celle qui était trop cool pour aimer des photos de bébés et de chiens. Ça prenait plus que des créatures adorables pour m'émouvoir. Mais cette fille-là, c'était celle que j'étais avant de te connaître. Avec ta langue pendante et ton expression permanente de confusion, tu m'a changée, en un rien de temps, de ceci: À ceci:
Ruinée, à vie.
Je suis debout sur l’autel du temple Aberdeen
En ce jour de hangover national En plein milieu des rites annuels d’Acadie Rock C’est à mon tour de faire des invocations Et d’être prêtresse pour le peuple J’voulais vous écrire un poème Avec des incantations magiques Et des métaphores mystiques J’voulais vous ensorceler avec un charme Qui vous mettrait sous le mien J’voulais vous manipuler avec mes mots Vous hypnotiser avec mon humour Je voulais me mériter une initiation À l’ordre des poètes du patrimoine Mais Ce soir, j’ai une promesse à préserver Des obligations à obéir J’ai fait mon serment d’allégeance À la diaspora Acadienne elle-même Alors, au nom des Badlands et du peuple perdu J’ai le devoir solennel De vous livrer le message suivant: Chers membres du public: vous êtes un paquet de privilégiés On m’a dit que je ne devrais pas vous accuser Que jamais vous ne me pardonnerez Que dans un petit milieu faut pas être trop dangereuse Que faut pas tuer sa carrière à coup de mitrailleuse Mais Fuck it La vérité c’est un processus violent Et j’me kamikazerai pour la cause n’importe quand Sous nos pieds Dorment des maisons d’éditions Des compagnies de productions Des galeries d’art, des écoles de danse Où ce festival-même se manigance Il y a plus de choses prises pour acquis En ce moment sous ce plancher Que j’ai vu dans toute ma vie dans l’Acadie des oubliés Vous entendez ce soir sept poètes Well, 6 poètes Et une créatrice de chaos Qui créent dans votre langue Celle dans laquelle vous vivez Sans trop y penser Tous les moments importants d’une vie: Boire, rire, pleurer. Danser, débattre, hurler Aimer, haïr, fourrer Sans en avoir honte Sans même vous en rendre compte Elsewhere, at the exact same time Les Badlands sont toujours en crise Pris en état de banqueroute culturelle La dette linguistique nationale augmente La sécheresse perdure Nos idées ne poussent pas On souffre de malnutrition identitaire Dans le royaume des affamés On n’arrive pas à récolter nos communautés Ici, c’est l’obésité omniprésente On se plaint, le ventre gonflé D’avoir encore trop consommé de culture On se gave jusqu’à l’écoeurantite L’embarras du choix est une vraie épidémie Le diagnostic des gâtés pourris C’est du “j’les ai dejà vus y’a pas longtemps” et du “c’était meilleur dans notre temps” C’est dire avec sincérité la devise des privilégiés: “y’a trop de choses ce soir, j’peux pas me décider” C’est la discordance de la boulimie blasée À côté de la famine flagrante Les miettes qui tombent de votre buffet Nous nourriraient pendant longtemps Si on va continuer à s’imaginer Tous assis autour de la même table Il va falloir un jour adresser Les déséquilibres indéniables Il y a un tier-monde Acadien Ce qu’on nomme naïvement “La patrie en voie de développement” Appelez-ça comme vous voulez Mais ayez au moins la sensibilité d’y penser Si j’ai le ton un peu sec Les idées en papier sablé C’est parce que je viens de survivre trois décennies dans le désert des Badlands Où les oeuvres de notre littérature Sont de mystérieuses légendes Celles qui sont exposées sur nos étagères Sont des artefacts précieux Des reliques rapportées dans nos bagages Souvenir de longs pèlerinages Let’s get real for a minute Vos écrits n’existent pas chez nous Les Acadiens des Badlands N’ont pas lu vos oeuvres Même moi, l’auto-proclamée Forte-parole et poster-exiled Du peuple qui peine à survivre Je n’ai pas vraiment lu vos livres Might as well admettre ici et maintenant, Que je suis la poète la plus inculte Que vous entendrez ce soir Que j’ai lu Georgette mais pas Raymond-Guy Que j’ai lu Pélagie mais pas le reste Que ça fait juste un an que j’ai connu Gérald Dans la reading room à Marc Chamberlain Que je n’ai jamais tenu une copie d’Acadie Rock dans mes mains J’mens sors mieux que la moyenne… D'analphabétisation à 66% Mais c’est dû en grande partie À la générosité de ce poète barbu Qui me laisse boire de son oasis Après que son vin le couche J’me self-medicate avec sa bibliothèque Je comble mes lacunes avant qu’on les pointe du doigt Je guéris mon ignorance une page à la fois Et si nos étagères nues sont tristes La vraie tragédie c’est les rayons vides De notre imaginaire Tu peux pas te chercher dans une culture Sans y être initié Tu peux pas détruire l’establishment Sans savoir où viser On aime gonfler nos poitrines En disant que notre pays est intérieur Et a pour limites territoriales Les parois de nos coeurs Mais les frontières relèvent du réel Même dans notre pays imaginaire C’est de leur faute que même ici avec vous J’ai toujours un statut de minoritaire Notre peuple est encore à la dérive Le temps fait croître la distance entre nous Comme l’expansion de l’univers Qui nourrit le vide entre les astres Des années-lumière nous séparent maintenant Et vous projetez votre mythologie Sur nos lueurs dans votre ciel Pour faire des constellations auto-référentielles Mais c’est juste sur votre planète Qu’il y a eu une Renaissance Acadienne Qu’il y a eu un 68 Qu’il y a eu un Kacho Que le chiac a été poétisé Que l’Acadie a été ré-inventée Si le temps est mesuré à partir de révolutions, Faut pas s’étonner qu’on a du mal à se synchroniser Alors que le cosmos entier est le canvas de vos créations Nous on reste figés dans une autre dimension J’ai une bonne nouvelle pour vous Ce poème accusatoire a bel et bien une fin Le rituel de la réprimande sera complet Et vous pourrez vous recacher Dans le confort de vos nombrils Mais cette libération est conditionnelle Quand j’aurai fini de jouer à la poète dissidente Interdiction formelle de me dire les choses suivantes: UN Ne me dites pas que Moncton est actually pas mal anglais Que ça s’assimile ici aussi Que votre bilinguisme est difficile Pour une une fois dans vos vies Ayez la compassion de vous taire Ne vous mettez pas encore une fois Au centre de l’univers DEUX Ne venez pas me faire la leçon Et me dire que cette opulence est le fruit de longs labeurs Je n’en ai jamais dit le contraire Et c’est pas parce qu’il y a des riches qui ont beaucoup travaillé Qu’on ne devrait pas parler de pauvreté TROIS Ne venez pas me dire que la Nouvelle-Écosse Est présentement très en vogue Si je suis fière de notre Baie Sainte-Marie Elle est loin de représenter mon vécu Pendant que vous êtes émerveillés par son phare Les Badlands restent toujours dans le noir Revenez me voir quand vous avez fait le constat De Pubnico, Pomquet et Petit-de-Grat QUATRE N’allez pas dire dans mon dos Que j’exagère et que je dramatise Si vous voulez me neutraliser En m’accusant d’hystérie Ceci est votre invitation faussement polie De retourner dans votre own millénaire Anyways j’me suis déclarée l’émissaire des enragés Et je refuse de descendre du haut de mes frustrations Je vois plus clair à partir d’ici Et la colère est l’encre avec laquelle j’écris FINALEMENT N’ayez pas la prétention de croire Que vous pouvez me battre à mon propre jeu N’essayez pas d’avoir le mot final En venant me dire, sûrs de vous (Sarcasm face) Que j’ai quand même fait le choix indépendant D’être dans l’endroit que je critique incessamment Parce que oui, j’ai opté pour l’exile Mais mettons quelque chose au clair: Chuis ici en tant que réfugiée linguistique Et je souffre de post-traumatisme culturel Je fais encore des cauchemars Où je revois ma Génocideville adorée Le désert des Badlands est en flammes L’assimilation égorge des familles entières Des cris silencieux me hantent Mes plaies sont encore saignantes So oui, j’ai crissé mon camp en claquant la porte Mais j’ai quand même le coeur cassé Conséquence de mon incapacité de construire une communauté Où je suis capable de communier et de créer Pour une fois dans ma vie j’ai voulu être une privilégiée Goûter à toutes les richesses que je vous ai enviées J’ai payé à plein prix mon exile En échange du rêve d’une Acadie plus facile L’Acadie où la patrie se vit sur les trottoirs Où un bataillon de poètes fait la patrouille de nuit Où tous les backyards sont des centres communautaires Où les agents de la contre-culture sont mes mentors Où les penseurs et les artistes s'entassent sur la même terrace Où on conspire toujours une révolution après quelques verres Où on menace constamment de tout recommencer à zéro Où tout n’est pas tâché de honte et de tristesse Où parler français n’est pas un acte révolutionnaire Où il y a la reading room à Marc Où on inaugure au lieu de commémorer Où la déportation est finie Où on tombe en amour en français Où on peut se saturer de culture Où on peut toucher au sacré dans le Temple Aberdeen Où je ne suis jamais la seule Acadienne Où j’peux vivre toutes mes émotions dans ma own langue Où je peux lire mes poèmes à haute voix Où mes mots sortent de leur coma Où j’peux appartenir à quelque chose qui me ressemble Où ça se passe tout autour de moi Où ça me rentre dans l’âme Où je suis venue me perdre Où j’essaye encore de me retrouver Well, C’t’affaire-citte peux clairement pas finir de même So j’vous propose un toast On lève nos verres à tous ceux qui ne sont pas ici avec nous À ceux qui ont raison d’être jaloux À ceux qui n’entendent jamais des poètes À ceux qui ont le 15 août comme seule fête À ceux qui ont mal à leur Acadie À ceux qui rêvent de vraiment vivre leur patrie À ceux qui ont trop honte pour parler À ceux qui ne savent même pas ce qu’ils sont en train de manquer À ceux qui n’ont jamais aimé en français À ceux qui se trouvent juste drôles en anglais À ceux qu’on oublie toujours À ceux qu’on ne mentionne jamais dans nos discours À ceux qu’on a un peu abandonné À ceux qui se sentent seuls et isolés À tous ceux qui ne sont pas des privilégiés comme nous So tu sais quand tu es en train de revenir sur terre après une semaine incroyable, pis tu recommences à reprendre toutes les habitudes d'une vie normale? Dans mon processus de survivre à Acadie Rock, je me suis rappelée que j'avais une boite à lettres, et j'ai trouvé à l'intérieur une lettre m'étant adressée en provenance du bureau du Premier Ministre du Nouveau-Brunswick, Le Très Honorable Brian Gallant. C'était l'exemple parfait du hashtag qui décrit ma vie souvent ridicule, #mavieabsurde. Avant de vous présenter cette correspondance ainsi que la réponse que j'ai adressée au Premier Ministre Gallant, un petit recap s'impose. À la cérémonie d'ouverture de la 37ième édition de la grande finale des Jeux de l'Acadie, à Caraquet au mois de juin, Brian Gallant a accueilli les jeunes participants et a allumé la flamme des jeux. Il a également fait un discours pour leur parler de l'importance des Jeux et a souhaité aux participants provenant des quatre provinces Atlantiques la bienvenue...en Acadie. #ouf Quelques jours plus tard, je passe en entrevue le premier matin suivant mon déménagement au Nouveau-Brunswick et je mentionne entre autres cette gaffe comme un exemple des problèmes avec certaines dynamiques entre les régions de l'Acadie. S'en suit une chronique écrite pour l'occasion du 15 août sur l'État de la nation acadienne, une série d'articles dans l'Acadie Nouvelle sur l'Acadie hors-Nouveau-Brunswick pour laquelle j'ai été interviewée avant de partir et dans un desquels je dis que le NB est est Québec de l'Acadie, et une prestation à la soirée poésie Gérald Leblanc dans le cadre d'Acadie Rock durant laquelle j'ai directement accusé le public d'être des gâtés culturels un peu ingrats (la vidéo s'en vient, je viens juste de retrouver ma boite à lettres, donnez moi le temps d'être à la hauteur d'un logiciel de montage). J'ai toujours été une chialeuse sur cet enjeu, mais c'est évident que je suis en ce moment la poster-chialeuse de la cause. J'avais dit dans mon texte sur mon exile vers le Nouveau-Brunswick que "peut-être que c’est à partir de la capitale contre-culturelle que je peux faire le plus de changement pour la patrie", et il semble que j'avais peut-être raison. Ça fait 7 semaines que je suis là et je reçois déjà des lettres du Premier Ministre. #mavieabsurde Bon, les lettres: Le 15 août 2016
Mme Godin, L'Acadie est plus vivante que jamais et chaque 15 août le démontre un peu plus alors que les Acadiennes et les Acadiens de partout célèbrent la force de cette culture distincte et la détermination de tout un peuple. Cette lettre fait suite à vos commentaires dans l'Article de l'Acadie Nouvelle du 15 août à propos des relations entre le Nouveau-Brunswick et les autres communautés acadiennes de la région de l'Atlantique. Vous soulevez de bons points. L'Acadie du Nouveau-Brunswick se doit d'avoir une relation saine avec les communautés acadiennes voisines. Vous faites bien de nous le rappeler. Quant aux propos tenus lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de l'Acadie, en juin dernier à Caraquet, il n'était aucunement mon intention d'affirmer que l'Acadie se limite au Nouveau-Brunswick. C'était une phrase malencontreuse qui n'aurait pas du être dite de cette manière. Elle ne reflète aucunement ma pensée à ce sujet. Je suis désolée si cela a pu vous offenser ou offenser d'autres membres de la communauté acadienne. Nous réalisons et apprécions pleinement la vitalité et le dynamisme des régions acadiennes à l'extérieur du Nouveau-Brunswick et encourageons les échanges et la collaboration entre toutes les communautés acadiennes. Je vous remercie d'avoir porté le tout à mon attention et je vous remercie de votre contribution à l'essor et à l'épanouissement de l'Acadie. Comme le dit bien la devise de la Société nationale de l'Acadie: L'union fait la force. Sincèrement, Brian Gallant Pas pire, right? J'ai tout de suite commencé à écrire ma réponse, parce que, well, je suis moi, et parce que c'est pas mal classy et rare pour un politicien d'admettre qu'il a fait une erreur, faut prendre le temps de les féliciter quand ça leur arrive. Ma réponse au Premier Ministre Gallant: Le 22 août 2016 Premier Ministre Gallant, Merci de votre lettre datée du 15 août 2016. J’apprécie le fait que lors d’une journée de célébration nationale, vous avez pris un moment pour réfléchir à une des problématiques importantes de notre vécu actuel comme peuple. À mon avis, afin de réellement célébrer notre Acadie, nous devons également consacrer du temps aux défis auxquels fait face notre diaspora. J’espère que vous avez aussi eu l’occasion de bien fêter. Est-ce bien vous que j’ai vu en train de rocker out lors de la prestation électrifiante des Hôtesses d’Hilaire à Acadie Rock? Si oui, je suis désolée de ne pas avoir saisi l’occasion de vous inviter au after-party, vous avez manqué toute une soirée… Pour ce qui est du contenu de votre message, laissez-moi d’abord vous dire que je ne vous ai pas prêté de mauvaises intentions. Un commentaire tel que celui dont il est question à la grande finale des Jeux de l’Acadie à Caraquet ne peut être fait que par erreur, et je vous félicite d’avoir assumé la responsabilité pour ces mots bien intentionnés mais mal choisis. C’est une qualité rare et admirable d’oser admettre ses maladresses dans le domaine de la politique publique et je vous admire sincèrement d'avoir eu l'audace de faire justement ça dans votre lettre. Ce qui crée le point de tension autour de cette intervention, c’est que les Acadiens vivant à l’extérieur de votre province sont déjà régulièrement récipiendaires de commentaires qui errent dans ce même sens. Nous sommes depuis longtemps sensibles envers ce que nous percevons comme une dominance néo-brunswickoise de l’Acadie, que ce soit dans les médias, dans le domaine culturel, ou simplement dans la conscience collective des Acadiens et de ceux qui nous racontent. Nous sommes donc susceptibles de nous sentir exclus au sein de notre propre peuple lorsqu’il est présenté comme étant principalement ou exclusivement au Nouveau-Brunswick. Pour plusieurs des jeunes de Terre-Neuve-et-Labrador, de l'Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse qui se sont rendus à Caraquet, cet événement aura été leur premier contact concret avec l’Acadie du Nouveau-Brunswick. Ils arrivent déjà face au fait que leurs délégations provinciales sont entourées par un plus grand nombre de délégations régionales provenant du Nouveau-Brunswick, et peuvent s’en sentir intimidés. Certains y vivent une fin de semaine en français pour la première fois et peuvent être dans des états vulnérables au niveau de leurs identités culturelles et linguistiques. Beaucoup d’entre eux y prennent leur première prise de conscience de la vasteté de la diaspora acadienne et de ses expériences. Ces grands moments vécus par les participants aux Jeux de l’Acadie peuvent être le début d’une appartenance et d’un engagement à vie envers l’Acadie, et c’est pourquoi il est important d’être particulièrement rigoureux et vigilants lorsque nous leur véhiculons des messages liés à leurs identités. Se sentir exclu à cet âge, peu importe le contexte, peut créer une distanciation irréparable entre un jeune et son acadienneté. Pour ce qui est des relations entre les espaces acadiens, vous avez raison de dire que nous devons les entretenir sainement. Le rôle de votre province est particulièrement important dans cet exercice d’unification du peuple, parce que vous avez la grande majorité du poids démographique acadien en Atlantique, et parce que votre statut unique de province bilingue engage concrètement votre gouvernement à développer vos communautés acadiennes et francophones. Je disais récemment dans une chronique que se tenir côte à côte sous un même drapeau ne suffit pas, et qu’il faudrait plutôt se prendre les uns les autres par la main pour se tirer vers le haut. Si personne ne souhaite voir le Nouveau-Brunswick s’imposer sur les autres Acadiens, il est clair que c’est vous qui avez les outils pour tendre la main vers les Acadiens qui ne bénéficient pas de la même situation linguistique ni politique que vous. Je prends donc cette occasion pour vous lancer quelques suggestions sur des moyens par lesquels vous et votre gouvernement pourriez contribuer davantage au développement du peuple acadien, qui, comme vous le savez bien, dépasse largement nos frontières provinciales et nationales. Votre province fait un travail remarquable de développement culturel envers les Acadiens/francophones, du en partie à votre excellente Stratégie globale pour l’intégration des arts et de la culture dans la société acadienne au Nouveau-Brunswick. Ce travail porte fruit et permet à beaucoup d’artistes de rayonner, ce qui a un impact positif sur l’Acadie au complet. Il est beaucoup plus difficile d’obtenir ce genre d’appui provincial ailleurs en Atlantique, où les francophones sont souvent perçus comme étant une minorité parmi d’autres, et où on ne peut pas faire recours à des droits linguistiques comme outils de revendication et de pression. Je souhaiterais vous voir collaborer davantage avec les autres gouvernements provinciaux afin d’initier plus de projets conjoints qui permettraient à nos artistes d’avoir accès à ce qu’ont les vôtres, et qui nous donneraient l'occasion de diffuser ensemble l’image d’une Acadie plus diversifiée et toujours aussi solidaire. Je vois aussi l’occasion pour vous de jouer un rôle plus actif lors de nos revendications linguistiques, culturelles et politiques. Nous avons parfois l’impression de nous battre seuls pour nos coins d’Acadie, et un appui public de votre part contribuerait à la légitimation de nos luttes. Tendre la main d’Acadiens à Acadiens, surpassant les frontières géographiques et les couleurs politiques, serait la concrétisation de la devise du peuple acadien, l’Union fait la force, que vous avez pertinemment citée dans votre lettre. Certes, nos communautés ont déjà plusieurs groupes qui travaillent avec acharnement sur divers dossiers, mais ils peinent souvent à se faire entendre auprès de leurs gouvernements, en raison de nos statuts de minorités aiguës au sein de nos provinces. En utilisant les moyens de communication à votre disposition pour appuyer nos efforts, et en joignant nos causes à vos occasions de dialogue et de collaboration auprès de vos homologues des autres provinces , vous nous aideriez à faire avancer nos projets, et à construire un meilleur avenir pour notre Acadie collective. Le développement de l’avenir du peuple Acadien repose en partie sur les épaules de notre Société Nationale de l’Acadie (SNA). Cet organisme, fondé en 1881 lors de la première Convention Nationale Acadienne, a pour mission d’être le porte-parole du peuple Acadien. Ses membres sont les organismes jeunesse ainsi que les organismes porte-parole des quatre provinces Atlantiques, et la SNA oeuvre également auprès des Acadiens situés ailleurs dans le monde: en France, en Louisiane, au Québec, et en Alberta, pour n’en nommer que quelques-uns. Comme cet organisme est à la fois pan-Atlantique et planétaire, il n’a pas recours aux dispositifs habituels de financement disponibles aux organismes francophones. La SNA doit représenter notre peuple aux yeux du monde sans financement pour des interventions à l’international, et doit de plus faire attention de ne pas soustraire des opportunités de financement à ses membres situés en Atlantique. La situation financière de la SNA est depuis longtemps précaire de par sa nature, et l’organisme réalise ses opérations en ayant recours à des solutions créatives et en limitant ses actions d’une année à l’autre selon les moyens qui lui sont disponibles. Aider notre société nationale à obtenir un financement stabilisé lui permettrait de mieux faire rayonner l’Acadie ici et ailleurs, et de continuer ses activités essentielles pour notre nation, telles que ses événements jeunesse, la continuité du Congrès Mondial Acadien, la protection de nos symboles, le devoir de mémoire envers notre odyssée, ainsi que son rôle de concertation sur des enjeux importants tels que l'alphabétisation et l’immigration. Cela lui permettrait également de continuer à développer des nouvelles initiatives pertinentes et porteuses pour l’Acadie et son peuple. Votre lettre témoigne de votre sensibilité envers l’importance des nuances à apporter au discours utilisé lors de prises de paroles au sujet de l’Acadie. Je vous encourage de continuer à être vigilant lorsque votre gouvernement s’exprime sur cette thématique, et de tenir compte du fait que les autres Acadiens se sentent souvent exclus lorsque des actions sont désignées comme étant acadiennes, mais ne rejoignent que les citoyens de votre province. Si vous cherchez à mieux connaître et comprendre ces nuances et ces enjeux, je suis certaine que la SNA et ses membres seraient ravis d’échanger avec vous à ce sujet, et de fournir un aiguillage à vous et à votre équipe dans ce dossier à l’avenir. Il va sans dire que je suis à votre disposition si je peux vous fournir une aide, quelle qu’elle soit, sur cet enjeu important. Je suis récemment déménagée au Nouveau-Brunswick afin d’y vivre une francophonie plus tangible, et il me ferait grand plaisir de contribuer au développement de ma nouvelle province en partageant avec vous mon expérience considérable dans le domaine des enjeux identitaires de l’Acadie. Je suis convaincue que le Nouveau-Brunswick est en mesure d’assumer son rôle de leadership auprès de l’Acadie et de sa diaspora vaste et diversifiée, et que nous en serons tous enrichis. Ne vous gênez surtout pas de me contacter, je réponds toujours à l’appel de ma patrie acadienne. Je vous remercie encore une fois pour votre lettre, que j’ai rendue publique par l’entremise de mon compte Facebook et mon site web personnel, afin que votre message soit entendu par des Acadiens de partout au monde. Je souhaite qu’elle soit le début d’un meilleur dialogue entre Acadiens, et de la prochaine étape de notre développement collaboratif comme nation. Finalement, si nous avons la chance de nous croiser au prochain 15 août, je ne manquerai pas à deux reprises l’occasion de vous inviter au after-party. C’était vraiment une belle soirée... Acadiennement, Céleste Godin Croyez-vous qu'on va devenir des penpals à vie? |
À proposJe suis Céleste Godin Ici sont mes idées, des pensées pas rapport et du random junk. C'est kind of intéressant, hopefully. Note sur la langue utilisée:
Ce blog n'a pas honte d'utiliser des mots anglais ni d'inventer des mots. Afin d'alléger le texte, le genre féminin est utilisé. Le masculin est inclus lorsque le contexte l'indique. Le stuff que t'as manqué
January 2021
Les modes de stuff
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